Erri De Luca : « Écrire me permet de relayer les luttes »

Le romancier italien Erri De Luca est poursuivi pour avoir « incité à saboter » le chantier du TGV Lyon-Turin en val de Suse. Il répond à *Politis* à la veille de l’audience prévue le 19 octobre, où il risque la prison.

Olivier Doubre  • 7 octobre 2015 abonné·es
Erri De Luca : « Écrire me permet de relayer les luttes »
© BERTORELLO / AFP

On aurait tort de penser que l’écrivain Erri De Luca ne risque rien en étant poursuivi pour avoir déclaré : « Le sabotage est la seule alternative […] pour faire comprendre que le TAV est une entreprise nuisible et inutile. » Les autorités italiennes, qui ont décrété « œuvre stratégique » la construction de la ligne à grande vitesse (LGV, TAV en italien) Lyon-Turin – estimée à près de 30 milliards d’euros –, ne plaisantent pas.

Après les multiples manifestations (dont certaines ont violemment dégénéré à l’été 2011), signe de la forte mobilisation citoyenne en val de Suse, pas moins de quatre procureurs ont été détachés à Turin pour veiller à la répression. Plus de mille inculpations ont eu lieu et, en janvier dernier, cent cinquante années de prison ont été infligées à 47 militants arrêtés en 2011… Accuser Erri De Luca d’ « incitation au sabotage » participe de cet acharnement répressif. Mais envoyer derrière les barreaux un romancier traduit dans le monde entier n’est pas aussi « simple » que pour des militants inconnus. Si c’est bien le rôle de l’écrivain, « amplificateur » du message de résistance, qui est visé, le parquet a finalement requis le minimum à son encontre : huit mois ferme au lieu des cinq années possibles. Verdict le 19 octobre. Mais, quoi qu’il arrive, l’auteur de la Parole contraire (voir ci-contre) assume son engagement comme une nécessité.

Le chef d’accusation porté contre vous est « l’incitation ». Diriez-vous que c’est votre rôle d’intellectuel, ou d’écrivain, qui est directement visé ?

C’est sur une accusation de sabotage de caténaires SNCF que repose le réquisitoire du parquet mettant en cause, le 7 mai dernier, huit des mis en examen dans l’affaire de Tarnac. En août 2015, la juge Jeanne Duyé a fait tomber la qualification de « terrorisme », mais ce réquisitoire demeure un morceau d’anthologie. Il s’appuie sur L’insurrection qui vient, du Comité invisible (La Fabrique), l’ouvrage trouvé chez certains membres du groupe. « Il faut voir ce livre comme un programme d’action », avait déclaré la procureure, se fondant davantage sur des intentions que sur des faits. Difficile, à cet endroit, de ne pas penser à l’argumentaire d’Erri De Luca. Dans la Parole contraire, l’écrivain répond à l’accusation d’« incitation au terrorisme » qui pèse sur lui depuis qu’il a déclaré, en septembre 2013 : « Le TAV doit être saboté. » Il assume ce terme, qu’il distingue du terrorisme : « Une grève […] sabote la production d’un établissement ou d’un service. Un soldat qui exécute mal un ordre le sabote… » Le groupe de Tarnac, pour sa part, n’a pas défendu publiquement le sabotage. « Entre autres, rappelle l’un d’eux, Benjamin Rosoux, nous sommes accusés de sabotage de caténaires, ce qui est sans danger, et non de sabotage de lignes de train, ce qui renvoie à des catastrophes comme celle de Brétigny… »
Erri De Luca : C’est exactement cela. C’est même ce que dit explicitement l’accusation ! Les attaquants ont ainsi déclaré que, s’ils me poursuivent, c’est justement parce que je suis un écrivain et que j’ai la possibilité d’avoir une parole publique. Et ils ont dit que, si j’avais été un citoyen anonyme, ils auraient certainement renoncé à une action pénale. Je suis donc poursuivi pour l’incitation que je serais supposé avoir exercée, mais aussi parce que je suis très engagé aux côtés de diverses luttes au sein de la société civile, qui visent à la protection de l’environnement, des territoires, de l’air ou de l’eau, en particulier en val de Suse, menacé par des travaux meurtriers.

Délivrer ce type de message de résistance fait-il partie de votre fonction d’écrivain ?

Non. Il ne s’agit pas ici de ma fonction d’écrivain, mais de citoyen. Je profite en revanche de ma position d’écrivain, non pour me poser en porte-parole de ces luttes, mais pour servir comme un relais d’antenne et renvoyer plus loin le signal de celles-ci. Je fais donc une distinction : comme citoyen, je suis engagé ; comme écrivain, je suis un mégaphone ou un amplificateur du message.

Vous avez milité dans les années 1970, à une époque où les écrivains et les intellectuels s’engageaient fréquemment. Comment définiriez-vous votre engagement, dans une période où beaucoup disent que l’engagement et les idéologies sont des vieilleries passées de mode ?

L’engagement n’est pas une vocation. Il naît lorsqu’on est face à des situations intolérables que l’on ne peut ignorer, éviter ou contourner. L’engagement, c’est quelque chose qui vous prend à la gorge, vous attrape, vous secoue et vous force à répondre. Je ne suis pas quelqu’un d’« engagé », mais une personne qui est forcée à prendre des engagements par réaction civique à des offenses, à des violences, à des dommages.

Aussi, pourquoi avez-vous appelé à « saboter » le chantier de la ligne ferroviaire Lyon-Turin ?

« Saboter » doit être entendu comme l’objectif, ou mieux, le résultat final, d’une longue lutte qui tend à empêcher le percement d’un tunnel. Et les citoyens ont bien réussi un sabotage civil, car leur combat a fait que les tenants du projet ne sont toujours pas parvenus, au bout de vingt ans, à percer le trou principal, et encore moins à mener à terme cette œuvre catastrophique pour la vallée de Suse. C’est donc d’abord une constatation, et ensuite un soutien verbal, avec ce verbe « saboter », à poursuivre cette opposition et cette désobéissance civiles. Et je n’admets pas que mes accusateurs réduisent ce noble verbe démocratique à quelques actes destructeurs.

Vous avez tout de même dit : « Les sécateurs sont utiles pour couper les grillages qui encerclent le chantier »…

C’est là encore un soutien verbal à un acte symbolique : couper les grillages de ce chantier, ce n’est pas empêcher tout le chantier, c’est s’y opposer symboliquement. Car employer des cisailles ne va pas contrecarrer un ouvrage aussi gigantesque que le percement des Alpes ! J’ai d’ailleurs cité d’autres outils capables de montrer notre opposition et de participer à cette idée de saboter, par des actes de résistance civile, ce chantier absurde et dévastateur.

L’une de vos passions est l’alpinisme. Est-ce votre amour de la montagne qui vous a fait vous engager contre le projet du Lyon-Turin ?

Non, mon engagement est lié à la vie d’une vallée. Car le val de Suse n’est pas une vallée toute verte, immaculée ou idéale, qui serait souillée par ce chantier. C’est une vallée déjà largement exploitée par les grands réseaux de transports. Il y a des autoroutes et des lignes de chemin de fer. Les No-TAV ne se battent donc pas pour conserver un espace vert et pur, mais pour préserver leur propre santé. En effet, la montagne est pleine d’amiante, et les concepteurs des travaux s’entêtent à vouloir ignorer le danger que cela représente pour les ouvriers, les policiers et militaires qui gardent le chantier et, évidemment, les habitants de la vallée, exposés à la dispersion des fibres d’amiante dans l’air provoquée par les travaux. C’est un combat pour leur vie, pas une bataille esthétique pour la beauté des lieux, ce qui d’ailleurs aurait déjà été tout à fait louable. C’est en fait une bataille pour la survie : ces gens n’ont pas de vallée de rechange !

Certains détracteurs de votre appel au sabotage ont voulu se servir de votre passé de militant à Lotta Continua (qui n’avait rien d’un groupe armé) pour vous faire passer pour un terroriste rouge tout droit sorti des années de plomb. Que répondez-vous ?

L’accusation, dans ce procès, a elle-même rejeté cet argument totalement futile. Il a parfois été mentionné dans la presse hostile, mais plutôt sur le mode du sous-entendu – ce qui est parfois pire, d’ailleurs, pour tenter de discréditer quelqu’un. Mais cela n’a aucun sens : je ne suis aujourd’hui qu’un citoyen isolé, je ne fais partie d’aucune communauté en lutte, même si je partage les opinions de nombre de ces communautés. Je suis simplement un citoyen de ce pays, sans aucune organisation derrière moi.

Il y a eu une mobilisation sur Internet, avec le site www.iostoconerri.net (« Je suis avec Erri »), qui a recueilli plus de 8 000 signatures, dont celles du prix Nobel de littérature Dario Fo ou du philosophe Jean-Luc Nancy. Mais, au-delà de ces soutiens, n’êtes-vous pas un peu seul dans le monde des lettres ?

Non, je suis plutôt bien accompagné ! Des écrivains importants m’ont soutenu en France également. Mais ce qui m’a vraiment touché et aidé à garder le moral, ce sont les nombreuses manifestations publiques qu’ont organisées des lecteurs. Des centaines de groupes ont tenu des réunions où ils se sont mis à lire ou à réciter mes mots. Ceux de l’accusation et ma réponse dans la Parole contraire, mais aussi des passages de mes autres livres qu’ils avaient appréciés. Ce soutien des lecteurs est ce qui m’a donné le plus de force et m’a fait me sentir en excellente compagnie ! Je préfère finalement cette attention des lecteurs, qui sont les personnes auxquelles je m’adresse en écrivant.

Vous traduisez la Bible de l’hébreu ancien. Y a-t-il un certain héritage politique et spirituel des premiers chrétiens dans votre engagement ?

Je ne m’y reconnais pas, mais j’ai trouvé dans l’Ancien Testament, au sein du livre qui s’appelle « les Proverbes », un vers qui explique la fonction d’un écrivain. Il dit : « Ouvre ta bouche pour le muet. » C’est ce que peut, ce que doit faire un écrivain : ouvrir sa bouche pour ceux qui n’ont pas de voix publique. Je considère ce vers comme l’exergue de ma vocation d’écrivain, celle de parler et d’écrire pour les personnes qui n’ont pas la possibilité de s’exprimer et de se faire entendre.

C’est aussi ce que vous avez fait avec les ouvriers dans vos premiers livres…

Dans le cas des ouvriers, j’ai partagé leur condition [après l’autodissolution de Lotta Continua en 1976, l’étudiant Erri De Luca devient ouvrier, notamment chez Fiat, puis en France, dans les années 1980, sur des chantiers, NDLR]. J’ai toujours besoin d’aller sur place pour me rendre compte, comprendre ce qui se passe. C’est pourquoi je me suis rendu dans le val de Suse, ou sur l’île de Lampedusa pour voir les migrants arrivés chez nous. J’ai besoin d’avoir un contact physique avec la réalité. C’était la même motivation quand je suis allé en Bosnie dans la première partie des années 1990, quand la guerre était revenue en Europe. En Italie, nous étions juste à côté et nous pouvions faire quelque chose, apporter une aide et soulager un tant soit peu ces personnes.

Vous êtes sensible au message de la Bible sans être croyant. Comment voyez-vous cet autre voyageur, qui lui aussi va sur place voir ce qui se passe, qu’est le pape François ?

Je le perçois comme quelqu’un qui est à l’avant-garde de l’histoire. Il est comme la proue d’un bateau qui essaye d’ouvrir une voie dans les flots agités, qui forme un sillon dans l’océan. Il représente un espoir. C’est une sorte de révélation. Et j’apprécie beaucoup le fait qu’il vienne du Sud ! Enfin ! C’est une nouveauté importante pour l’Église mais aussi, au-delà de l’Église, parce qu’il est devenu une figure publique à l’échelle mondiale, qui parle aux gouvernements et met le doigt sur les plaies. Ce n’est pas seulement une figure religieuse.

Vous citez deux écrivains, dans la Parole contraire, pour louer l’engagement. L’un est George Orwell, présent en Catalogne pendant la guerre civile espagnole, l’autre est Pier Paolo Pasolini, dont vous dites qu’il avait un incroyable courage physique. Ce dernier a-t-il toujours été un exemple pour vous ?

C’est un exemple immense pour moi et, plus largement, pour la société civile. Mais je ne saurais me comparer à lui. Pour la raison suivante : Pasolini a soutenu Lotta Continua en acceptant d’être directeur de la publication de notre quotidien, nous offrant sa signature pour qu’il puisse paraître, mais il ne partageait pas nos idées. Il n’écrivait même pas dans le journal, il faisait ce geste de soutien pour que nous puissions nous exprimer. Pour ma part, je ne soutiendrai que des causes dont je partage les idées et le combat. C’est facile pour moi, finalement. Pasolini, lui, est l’exemple d’un intellectuel absolu, qui s’engageait au nom de principes auprès de gens avec lesquels il ne partageait que peu de chose. Donc, si je cite Pasolini, ce n’est pas pour me comparer à lui, mais pour saluer son courage dans les luttes.

Le 19 octobre, le tribunal de Turin rendra sa sentence. Vous avez déclaré que vous ne ferez pas appel si vous êtes condamné. Le procureur a requis huit mois de prison ferme. Vous êtes vraiment prêt à subir ces huit mois de détention ?

Absolument. Je m’attendais d’ailleurs à une réquisition beaucoup plus sévère de la part du procureur : je m’attendais même à la peine maximum. Or, il a demandé le minimum et, en plus, en décidant de prendre en compte des circonstances atténuantes. C’est ridicule, car elles sont inapplicables dans mon cas ! En effet, si mes mots sont des crimes, alors je suis un dangereux récidiviste, puisque je n’ai cessé de les répéter. Je suis un coupable convaincu ! Et un récidiviste quotidien depuis plus de deux ans… Bref, ces circonstances atténuantes sont totalement absurdes. Quoi qu’il en soit, huit mois ou autre chose, je suis tout à fait prêt à purger la peine qui me sera infligée le 19 octobre. Et je confirme que je ne ferai pas appel, parce que j’ai déjà largement pu détailler mes arguments en dehors d’une salle d’audience. Je ne vais pas revenir là-dessus : j’ai déjà dit ma « parole contraire », je l’ai écrite. Je n’écrirai pas la Parole contraire, acte II  !

Ne croyez-vous pas que les magistrats sont quelque peu gênés de risquer d’envoyer en prison un écrivain célèbre et traduit dans de nombreuses langues ?

S’ils sont gênés, ils le sont devenus tout récemment, parce qu’au départ ils avaient exprimé leur ferme intention de me punir pour les propos que j’ai tenus. Ils voulaient sanctionner un écrivain qui avait osé leur mettre des bâtons dans les roues…

Si vous allez en prison, cela renforcera sans doute aussi la lutte contre le Lyon-Turin. Mais on va de nouveau regarder l’Italie comme au temps de Berlusconi, comme un pays qui s’est abaissé…

Je ne sais pas ce qui se passera après. Mais, pour moi, la liberté, ce n’est pas uniquement le fait de pouvoir jouir de larges horizons, c’est d’avoir une cohérence entre les choses que je dis et les choses que je fais. Et elle ne sera pas réduite par un passage en prison ! La plus grande part de ma liberté se trouve dans ma tête, on ne peut ni l’enfermer ni la limiter.

Toutefois, comment voyez-vous cette Italie qui veut envoyer ses écrivains en prison, alors que Silvio Berlusconi, lui, n’y est toujours pas allé ?

Il n’a pas purgé de peine de prison, mais il a encore pas mal de procès en cours. Cependant, il s’est organisé pour s’en sortir le mieux possible du point de vue économique ! Et son parti politique va sans doute disparaître aux prochaines élections : il est, de ce point de vue, complètement à la retraite et cherche juste une solution pour lui-même et ses intérêts. Je crois que Silvio Berlusconi est maintenant (enfin !) une affaire terminée. Par contre, il a incité – lui vraiment, contrairement à moi ! – les Italiens à s’enrichir sans aucune retenue et dans l’insouciance des lois. Il a flatté leur plus basse avidité. Il a déchaîné une volonté d’enrichissement sans limite, qui méprise la communauté et la loyauté envers l’État et envers la loi. Il a incité les Italiens à aller dans cette direction, même s’il n’a pas inventé ce sentiment d’avidité, qui existait avant lui, bien entendu. Et il a incité les gens à ne pas avoir d’états d’âme.

Aujourd’hui, diriez-vous que l’Italie va mieux depuis son départ ?

Du point de vue de la corruption, rien n’a changé : l’Italie en est exactement au même point. Et c’est la même chose en ce qui concerne la liberté de la presse et la liberté de l’information. Les journalistes n’y sont pas, à quelques exceptions près, des professionnels de l’information, mais seulement les employés d’une entreprise et d’un patron. Et ils doivent fidélité à la ligne et à la direction de leur entreprise. C’est là le dégât majeur, qui empêche la presse italienne de jouer son rôle de contre-pouvoir. Ce qui devrait être la fonction publique de l’information.

Comment voyez-vous le monde des lettres en Italie ?

Il n’y a pas, en Italie, une société de lettrés, ni une communauté d’écrivains. C’est toujours chacun pour soi, avec de petites coteries, ou « consorteries », qui se soutiennent avec des prix, des honneurs, mais aussi des relations politiques qui permettent de faire des travaux à côté. C’est une petite société qui n’a aucune influence, ni vraie respectabilité, dans la formation de l’opinion publique.

Dans ce domaine, vous préférez la France ?

Je préfère la France, oui ! Par exemple, lorsque je perçois des droits d’auteurs, je préfère payer des impôts en France plutôt qu’en Italie, parce que je pense que votre pays utilisera mieux cet argent.

Vous continuez à travailler à d’autres livres en ce moment ?

Oui, je publie un livre de récits chez Feltrinelli [l’un des plus grands éditeurs en Italie, engagé à gauche, NDLR] fin octobre. J’ai quand même pu me libérer de cette affaire judiciaire et écrire. J’ai surtout refusé qu’elle m’empêche d’écrire.

Le droit inviolable à la « parole contraire »

En refermant la Parole contraire, on ne peut qu’être impressionné par la détermination d’Erri De Luca. Mais on en vient aussi à se demander ceci : quel intellectuel français oserait aujourd’hui s’engager ainsi, jusqu’à prendre le risque de passer plusieurs mois en prison ?

Erri De Luca, déjà poursuivi lorsqu’il s’est mis à écrire ce petit livre, persiste et signe : « Je revendique le droit d’utiliser le verbe “saboter” selon le bon vouloir de la langue italienne. Son emploi ne se réduit pas au sens de la dégradation matérielle. »

Avec ironie, l’écrivain prend ainsi l’exemple de « La Marseillaise », « l’hymne national français, le plus beau que je connaisse », qui incite le peuple à prendre les armes contre le tyran. « Rouget de Lisle attend depuis deux siècles une plainte contre lui pour incitation » !

Ce texte est autant un plaidoyer pour la cause des défenseurs du val de Suse qu’un formidable manifeste en faveur de la liberté d’expression, pourtant garantie par la Constitution italienne. Erri De Luca retourne donc leur accusation aux juges qui le poursuivent : « Je suis et je resterai, même en cas de condamnation, témoin de sabotage, c’est-à-dire d’entrave, d’obstacle, d’empêchement de la liberté de parole contraire. »

La Parole contraire, Erri De Luca, Gallimard, 48 p., 8 euros.

Société Police / Justice
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