La revue Zelium se met à table

« To beef or not to beef ». Telle pourrait être dorénavant la question. « L’abandon du ”modèle viande” est avant tout un choix rationnel, voire de survie. D’un point de vue strictement nutritionnel, la viande ne sert à rien, et aux doses de folie auxquelles elle est consommée actuellement, elle devient même toxique. » C’est une évidence, on ne mangera plus demain autant de viande qu’aujourd’hui. Pas seulement pour des raisons de souffrance animale (ce débat-là est aussi lancé), mais parce que telle qu’elle est produite et consommée est totalement irresponsable. Elevages au maïs ou au soja OGM, antibiotiques, production intensive au détriment des terres cultivées… C’est l’un des articles de ce numéro de Zelium , « L’ère merveilleuse de l’accro-alimentaire », entièrement consacré à l’agro-alimentaire. Avec ses torts, ses travers, ses abus, illustrés par une multitude de dessins et caricatures. L’usage des pesticides, la disparition du paysan, le lobby Monsanto, les additifs dans les frites de McDO, l’imposture du vin bio et du label « fait maison », le poids des industriels dans les cartes des restaurants, les petits brasseurs allemands en résistance, le gaspillage alimentaire, la fameuse « Semaine du goût », puant « le terroir-caisse et le lobby betteravier » …

Tout y passe. Jusqu’aux saloperies qu’on fait avaler aux patients dans les hôpitaux, ou l’huile de palme introduite un peu partout et l’industrie des viennoiseries. In fine, c’est un numéro remarquable qui est réalisé ici par l’équipage de Zelium (et à y regarder de près, bien plus original et informé que les « Dossiers du Canard », parus cet été sur les mêmes thématiques). Un numéro déprimant sur nos assiettes ? Sûrement pas. Mais jubilatoire (parfois hilarant, ou en colère), d’utilité publique, incitant à plus de vigilance chez le consommateur. Parce qu’il n’y a rien de fatal dans ce tableau. Affaire d’éducation (ce à quoi s’emploie ce numéro), affaire de décryptage nécessaire pour tous et par tous.

Zelium , n°5, L’ère merveilleuse de l’accro-alimentaire, 50 p., 5 euros.