Psychédélice pop

The Light in You, de Mercury Rev, une collection de chansons d’une lumineuse splendeur.

Jacques Vincent  • 11 novembre 2015 abonné·es
Psychédélice pop
© **The Light in You** , Mercury Rev, Pias.

Les fans de Mercury Rev peuvent se réjouir. Avec The Light in You, sept ans après Senses on Fire, le groupe signe un disque ambitieux, limpide et somptueux. Risqué aussi, dans sa tendance à pousser sa logique orchestrale et à emmener les compositions le plus loin possible, au bord d’un point de rupture ou de bascule qui n’arrive heureusement jamais.

Mercury Rev le sait, la pop la plus aboutie s’épanouit sur une ligne de crête étroite qui rend fatal le moindre faux pas. Le groupe en a d’ailleurs fait l’expérience par le passé. Mais il a su trouver ici cet équilibre situé au point magique entre attraction céleste et gravité terrestre, que l’on retrouve aussi dans les humeurs et cette mélancolie enjouée qui imprègnent nombre de compositions. Un autre secret de la réussite tient dans la confection d’une matière toujours en mouvement(s) et dans une palette de couleurs infinie due à la multitude d’instruments employés. Il y a quelque chose d’éternel et d’intemporel dans cet agencement qui renvoie tant aux architectes historiques du genre, tels Phil Spector ou Brian Wilson, qu’à de fins experts en joaillerie, comme Prefab Sprout.

Dès les premières mesures se dessine une féerie sonore, un monde merveilleux, au sens premier du terme, fait de boîtes à musique et de poussières d’étoiles. Mais ce n’est qu’une des facettes du disque avant l’arrivée du sublime « Central Park East ». Si la tête est toujours dans les nuages, le corps se laisse soudainement entraîner de manière irrésistible dans l’ondulation d’un rythme doux et brumeux. « Psychedelic rock and blue eyed soul », chante Mercury Rev un peu plus loin dans « Are you ready ? ». Comme pour souffler à l’auditeur les mots qu’il cherchait pour résumer son impression. Psychédélique dans le sens d’onirique et spatial. Soul pour les déhanchements. Pop pour les mélodies. Dès lors, le caractère dansant s’affirme résolument sans que disparaisse la dimension aérienne. Le groupe ose même un morceau enlevé roulant sur les guitares et les cuivres comme « Sunflower », avant un finale d’une extraordinaire clarté dont le refrain jubilatoire apporte une conclusion parfaite à un disque d’une grande richesse mélodique.

Musique
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