Air France: le procès des salariés accusés de «violences» fixé au printemps

Chloé Dubois (collectif Focus)  • 2 décembre 2015 abonné·es
Air France: le procès des salariés accusés de «violences» fixé au printemps

Les cinq salariés d’Air France , accusés d’avoir participé à l’épisode «de la chemise arrachée» seront jugés le 27 mai 2016 pour «violences» à l’encontre de deux cadres, et des vigiles. Une dizaine d’autres employés sont amenés à comparaître pour «dégradations» à la même date. Pour les accompagner à l’«audience de fixation» qui se tenait cet après-midi, une manifestation intersyndicale avait été appelé devant le tribunal correctionnel de Bobigny. Très encadrée par les forces de l’ordre, elle a mobilisé plusieurs centaines de personnes. Signe que cette affaire, dite «complexe» par la juge, creuse les conflits internes au sein de la compagnie Air France.

Le 5 octobre dernier, l’annonce de la suppression de 2 900 emplois, suite au comité central d’entreprise de la compagnie aérienne, avait provoqué des débordements de colère de la part des salariés. Les images de Xavier Broseta, directeur des ressources humaines, fuyant les manifestants, torse nu ou presque, ont fait le tour du monde. Le gouvernement avait alors dénoncé des «violences inacceptables» , tandis que le Premier ministre Manuel Valls avait qualifié les employés concernés de «voyous» .

«Un salarié qui défend son emploi n’a rien à faire dans un tribunal»

Leurs arrestations avait provoqué une vague d’indignation chez les syndicats, les travailleurs de la compagnie, qui demandent aujourd’hui leur libération et la levée des sanctions disciplinaires. Et rappellent les violences sociales émanant de la direction d’Air France lors de la mobilisation :
«On fait tout un foin de la violence autour d’une chemise, alors qu’il y a la violence d’un plan social décidé par les actionnaires» , a déclaré Aurélien Machu, syndicaliste de la CGT venu «en soutien» de salariés «qu’on va juger pour s’être battus afin de défendre leur emploi» .

Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent (PCF) et ses co-listiers Clémentine Autain (Ensemble!) et Eric Coquerel (PG), mais aussi Olivier Besancenot (NPA) ou encore Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), participaient à ce rassemblement de solidarité. Tous demandent l’arrêt des procédures concernant les cinq salariés, affiliés à la CGT Air France. «Un salarié qui défend son emploi dans notre pays n’a rien à faire dans un tribunal» , a déclaré Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF et tête de liste «Nos vies d’abord!» aux régionales en Ile-de-France.

Témoignage mensonger

Un des cinq salariés poursuivis pour «violences» évoque à la suite de cette audience, un témoignage mensonger l’accusant d’avoir «porté plusieurs coups» à un vigile et à un cadre dirigeant de la compagnie, lors de la manifestation qui a dégénéré le 5 octobre au siège d’Air France. Pourtant, «je n’ai posé qu’une main sur une épaule» , assure-t-il.

Des procédures disciplinaires sont également en cours à Air France , notamment à l’encontre des prévenus. Sur les cinq licenciements engagés, deux ont été confirmés après le rejet de recours gracieux, selon la CGT.
Une demande «d’amnistie» est en train d’être étudiée pour deux autres. L’inspection du travail examine le dossier de la cinquième personne, délégué du personnel (CGT) à Air France Industries.

Deux pilotes sont aussi sous le coup d’une procédure disciplinaire pour avoir facilité l’entrée de manifestants dans la salle du CCE. Onze autres employés, suspectés d’avoir secoué une grille d’accès au siège d’Air France, ont été mis à pied 15 jours.

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