Mohamed Kaci, une voix à la marge

Chaque jour, Mohamed Kaci présente le « 64’ » de TV5 Monde. Un JT d’une exigence et d’une sobriété remarquables.

Jean-Claude Renard  • 16 décembre 2015 abonné·es
Mohamed Kaci, une voix à la marge
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Double tâche – et une envergure mondiale. Chaque jour, Mohamed Kaci présente le « 64’ » de TV5 Monde. Un JT, inauguré en 2013, d’une exigence et d’une sobriété remarquables, avec un angle et un regard sur l’actualité moins français que francophone, moins francophone qu’international. Et, chaque dimanche, il anime sur la même chaîne « Maghreb Orient Express », émission à la fois politique et culturelle, créée en 2011, tournée vers le monde arabe. Marque de fabrique du journaliste : une certaine élégance naturelle et une fraîcheur intellectuelle.

Né à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), issu d’un milieu modeste, de parents algériens, Mohamed Kaci a entamé des études scientifiques. Peu enclin à enseigner, lecteur éclectique, il entre dans une école de journalisme (double bagage devenu rare dans le métier). « J’avais besoin de raconter, de témoigner de ce qui se passe à l’autre bout du monde, de rapporter aussi les préoccupations des plus fragiles, la parole de ceux qui ont peu voix au chapitre, de transmettre, mais encore d’apprendre des autres, de toutes les rencontres. » Premiers pas dans la presse spécialisée scientifique, premiers contrats. Tombe une opportunité sur TV5 Monde, en 2006. Il présente d’abord les JT de 20 minutes, poursuit avec une hebdo consacrée au foot aux côtés de Didier Roustan et inaugure donc ce fameux journal de « 64’ ». Un JT qui lui ressemble furieusement, et inversement. Ce qui n’empêche pas un œil critique.

« Certes, le métier est en pleine évolution. Mais gare à ne pas se laisser embarquer dans cette frénésie du tout-info, du flux sans recul, sans donner du sens aux images. Le métier doit faire son examen de conscience. On n’est pas là pour asséner des vérités. Il s’agit d’être constructif, de susciter la réflexion, de jouer aussi un rôle citoyen, de toucher à la pluralité, surtout dans un monde où les médias sont de plus en plus regroupés. J’aime, en plateau, les gens qui ne sont pas rompus à l’exercice, qui restent spontanés, parlent avec leurs silences. » Verra-t-on un jour Mohamed Kaci présenter un 20 heures sur une grande chaîne ? « C’est un défi qui paraît excitant, répond-il franchement, mais il faut voir avec quel contenu, quelle ouverture. »

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