Wauquiez-le-clown

Pour combattre le chômage, il faudrait « fermer les formations fantaisistes, comme celles des métiers du cirque et des marionnettistes ».

Christophe Kantcheff  • 9 décembre 2015
Partager :
Wauquiez-le-clown

Que penser de l’idée suivante : pour combattre le chômage, il faut « fermer les formations fantaisistes, comme celles des métiers du cirque et des marionnettistes » et « ouvrir des formations débouchant sur de vrais jobs »  ? Pas bête, non ? Pourquoi maintenir en effet tous ces apprentissages pittoresques qui mènent droit dans le mur du désespoir et du désœuvrement ? On se dit que, pour penser une telle révolution, il faut au moins avoir fait Normale Sup, être arrivé premier à l’agreg et sortir des rangs de l’ENA. Tout juste ! C’est le cas de l’auteur de cette proposition géniale : Laurent Wauquiez. Mais dites voir, ce Laurent Wauquiez, n’est-ce pas ce sympathique amuseur de la célèbre troupe Les Républicains – il en est même le numéro 3 –, candidat à la présidence de la région Auvergne/Rhône-Alpes, arrivé en tête du premier tour avec 31,7 % des voix ? « Tueur », « Judas », « narcissique obsessionnel », « Laval au petit pied », l’homme ainsi dénommé, y compris par ses « amis » politiques, a une âme d’artiste. Sous ses habits de lumière, ce natif de Lyon a plus d’un tour dans son sac. Parmi ses plus réussis : quand il mit sur le dos de Christiane Taubira la responsabilité du meurtre d’une petite fille commis par un multirécidiviste. Ou quand, participant aux manifestations contre le mariage pour tous, il déclara l’homosexualité contraire à ses valeurs. Et, bien sûr, son désormais classique : les « dérives de l’assistanat » assimilées à un « cancer ». À chaque fois, succès et rappel assurés par le public FN. Le numéro 3 des Républicains a pour coach comique Patrick Buisson, c’est dire sa sensibilité exacerbée. En fait, sa formidable idée de « fermer les formations fantaisistes comme celles des métiers du cirque et des marionnettistes » n’a pas d’autre origine que sa peur de se voir concurrencé sur son propre terrain : la clownerie.

(ROMAIN LAFABREGUE/AFP)

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don