Le train de vie de l’ex-président du Brésil au cœur du scandale Petrobras

Luiz Inacio Lula da Silva a été placé en garde à vue, ce vendredi.

Léa Esmery  • 4 mars 2016
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Le train de vie de l’ex-président du Brésil au cœur du scandale Petrobras
© Photo : Douglas Magno / AFP

Le scandale Petrobras n’en finit pas d’entacher la classe politique brésilienne. Et c’est au tour de l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva d’en faire les frais. Son domicile de Sao Paulo a été perquisitionné ce vendredi par la police fédérale brésilienne qui l’a placé en garde à vue afin de l’interroger. Il est soupçonné d’avoir perçu des avantages de la part de grandes entreprises de BTP, impliquées dans l’affaire Petrobas, pour plusieurs de ses propriétés.

« Il y a des preuves selon lesquelles l’ex-président Lula a reçu de l’argent du réseau Petrobras par le biais de la restauration d’un appartement triplex et d’une maison de campagne à Atibaia », a déclaré le parquet. « On enquête aussi sur des versements faits à l’ex-président par des entreprises impliquées dans l’enquête sur la corruption, à titre de dons présumés et conférences. »

Cette perquisition s’effectue dans le cadre de la vaste opération baptisée « Lavage rapide » (ou « Lava Jato ») lancée en 2014 pour enquêter sur une affaire de corruption comprenant l’entreprise pétrolière contrôlée par l’Etat, Petrobras, et des firmes du secteur du bâtiment. Ces entreprises auraient formé un cartel afin de s’approprier des grands chantiers d’infrastructures, ce qui leur permettait de surfacturer leurs prestations.

Un deal frauduleux, établi en échange de pots-de-vin versés au parti au pouvoir, le Parti des travailleurs (PT), mais aussi à son allié au Sénat et à la Chambre des députés, le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB). La droite n’est pas épargnée, puisque le Parti progressiste (PP) de l’ancien gouverneur de Sao Paulo, Paulo Maluf, est également mis en cause dans l’affaire. Ce sont environ deux milliards de dollars qui auraient ainsi été détournés de Petrobras. Quant à la police fédérale, elle table plutôt sur un préjudice de l’ordre de onze milliards de dollars.

Le Parti des travailleurs (PT) dans l’œil du cyclone

La veille déjà, Lula et sa successeure, Dilma Rousseff avaient dû faire face à des accusations de corruption suite à des déclarations du sénateur Delcidio Amaral qui auraient fuité dans la presse. Membre du Parti des travailleurs (PT), il avait été arrêté en novembre dernier dans le cadre d’une enquête pour corruption. Le sénateur aurait affirmé à l’hebdomadaire IstoE que la présidente avait interféré dans l’enquête sur Petrobras, en nommant par exemple un juge pour libérer des industriels détenus.

Selon l’hebdomadaire brésilien, Lula, président du Brésil de 2003 à 2010, était au courant de la machination mise en place par les géants du BTP. Delcidio Amaral dément avoir tenu de tels propos, qualifiés par ailleurs de révoltants par le gouvernement et la chef de l’Etat. Le sénateur aurait fait ces révélations à la justice dans le cadre d’un accord sur une réduction de sa peine. Ici comme ailleurs, le doute plane sur l’étendue du scandale.

Dans le même temps, la Cour suprême a ouvert un procès contre le président de l’Assemblée, Eduardo Cunha, accusé d’avoir reçu cinq milliards de dollars de pots-de-vin. Le troisième homme politique du pays avait déjà été mis en cause l’année passée dans une affaire de financement illicite concernant la construction de deux navires destinés à la société Petrobras.

Des révélations en cascade qui risquent de faire chuter encore un peu plus la confiance que les Brésiliens portent à leur gouvernement mais aussi, plus largement, à l’ensemble de la classe politique du pays.

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