L’ONU espère résoudre le conflit en Syrie, malgré cinq années d’échecs.

Du 14 au 24 mars, des discussions seront prévues à Genève sous l’égide de l’Organisation des nations unies (ONU) afin d’organiser la formation d’un nouveau gouvernement en Syrie d’ici 2017.

Chloé Dubois (collectif Focus)  • 11 mars 2016
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L’ONU espère résoudre le conflit en Syrie, malgré cinq années d’échecs.
© Photo : STRINGER / SANA / AFP - Le 16 février 2016 - Des ministres Syriens rencontrent l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, durant l'une de ses visites à Damas en Syrie.

Négocier la paix. L’objectif affiché de l’ONU a de quoi surprendre tant la complexité du conflit syrien s’intensifie au fur et à mesure de son internationalisation. Parce qu’après cinq années de guerre, des centaines de milliers de victimes et le déplacement de la moitié de la population du pays, instaurer la paix représente un enjeu de taille.

Au cours des pourparlers qui se tiendront à partir du 14 mars, trois questions majeures seront abordées en la présence de représentants du régime syrien et de l’opposition. Ils devront s’engager à discuter de la formation d’un nouveau gouvernement, d’une nouvelle Constitution, et de nouvelles élections (présidentielle et législatives), qui devraient être organisées dans les dix-huit prochains mois.

Si ces nouveaux débats interviennent à l’heure d’un cessez-feu – la «trêve» instaurée depuis le 27 février ne concerne toutefois ni Daesh ni le Front Al-Nosra qui contrôlent pourtant la moitié du territoire syrien – l’espoir d’une entente reste mince. Les échecs répétés des précédents pourparlers, les désaccords chroniques entre les intervenants, ou encore l’absence contestée des kurdes ne font que rappeler l’incapacité de l’ONU à répondre de sa mission : préserver la paix et résoudre le conflit.

Ce vendredi, Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, a d’ailleurs appelé l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, à inclure les Kurdes dans les négociations, tandis que la Turquie, qui les considère comme des terroristes, continue de s’y opposer. Cette absence révèle les chamailleries auxquelles se prêtent les différents acteurs du conflit alors que la population syrienne demeure assiégée, dans l’attente d’une solution pour la paix.

Dans son rapport annuel publié le 24 février 2016, Amnesty International (AI) a justement soulevé l’incapacité des organisations internationales à protéger les populations civiles et les réfugiés, dénonçant «la défaillance du systèmes de protection des civils», et la responsabilité des institutions internationales en matière de non-respect du droit international. D’après AI, «les tentatives de résolutions du conflit n’ont fait que mettre en évidence les divisions, à l’échelle mondiale et régionale», mais aussi la résilience de l’ONU :

La guerre en Syrie a montré au fil des ans à quel point les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU peuvent favoriser l’impunité : en utilisant leur veto, ils peuvent bloquer des mesures crédibles et proportionnées visant à mettre un terme aux crimes de guerre et aux crimes contre l’humanité, et faire obstacle à l’obligation de rendre des comptes pour ces crimes.

Dans l’intention de marquer l’anniversaire du début de la révolte, le quotidien Libération a par ailleurs publié un numéro spécial Syrie ce vendredi 11 mars. Ce «Libé des Syriens» rappelle dans l’un de ses articles «l’impossible comptage» des victimes bloqué à 260.000 morts «depuis que l’ONU a jeté l’éponge en 2014», «victime des contradictions, des grandes divergences et des petites querelles autour du conflit».

Monde
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