Climat: cette planète qui bascule lentement

Déséquilibrée par la disparition de centaines de milliards de tonnes de glace, les pôles géographiques de la terre se déplacent

Claude-Marie Vadrot  • 12 avril 2016
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Climat: cette planète qui bascule lentement
© Photo: JAUBERT / ONLY FRANCE

Chaque année, le Groenland perd 287 milliards de tonnes de glace. Sur la même période annuelle, l’Antarctique en perd 134 milliards. Lorsque les scientifiques ajoutent ce qui disparaît également dans l’Arctique, en Alaska et dans d’autres masses glaciaires moins importantes, ils estiment que ces centaines de milliards de tonnes disparues vont, au moins partiellement, accélérer la hausse de toutes les mers du globe. Un fait acquis qui contraint de nombreux pays à envisager la submersion de grandes cités comme New-York. A un rythme qu’ils ont de plus en plus de mal à imaginer, au point que beaucoup estiment que la moyenne d’un mètre pourrait être atteinte largement avant la fin du XXI° siècle.

Mais d’après une nouvelle étude parue vendredi dernier dans le dernier numéro de _Science Advances, publié par l’association américaine pour l’avancement de la science, cette disparition des glaces et une modification de la répartition des masses d’eau sur la planète, font apparaître une nouvelle menace : les deux phénomènes liés au réchauffement climatique déséquilibrent progressivement la planète. En modifiant progressivement son axe de rotation. Au point que le Pôle Nord tend à se rapprocher, lentement mais sûrement, de la Grande-Bretagne et donc de l’Europe. Evolution auquel correspond évidemment un glissement contraire du Pôle Sud. Un mouvement qui déplace les deux pôles géographiques d’une quinzaine de centimètres par an c’est peu, évidemment, mais il est possible que cette évolution s’accélère.

L’un des auteurs de cette étude, Erik Ivins, chercheur au Californian Institute of Technology, explique que la poursuite de ce « glissement » des pôles pourrait à terme entraîner de nouvelles modifications climatiques, notamment par les changements de grands courants de circulation de l’air et des eaux maritimes sur la planète. Avec la crainte que ces changements participent également aux dégradations climatiques et accélèrent le déplacement de nombreux fleuves et lacs, privant progressivement des dizaines de millions d’agriculteurs de l’eau dont ils ont besoin. Ce travail confirme les inquiétudes croissantes des scientifiques : à savoir que le réchauffement et les désordres climatiques constatés se nourrissent les uns les autres. Au point d’atteindre des situations que nul ne peut maîtriser ni même prévoir tant les interactions des changements échappent aux analyses scientifiques. C’est le cas pour ce rapport des chercheurs californiens qui, dans le cadre de leur collaboration avec le NASA, envisagent un basculement lent mais inéluctable, de la planète.

Dans sa conclusion, l’étude explique : 

« Puisque nous admettons que les émissions de gaz à effet de serre sont liées aux activités humaines et sont responsables de la disparition des glaces au Groenland et dans l’Antarctique, nous devons admettre aussi que, nous les humains, devenons une force géophysique. »

Temps de lecture : 2 minutes
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