Bruxelles, ville d’arts et d’essais

Le très transversal Kunstenfestivaldesarts propose, entre autres découvertes, de s’immerger dans l’univers envoûtant d’Apichatpong Weerasethakul.

Jérôme Provençal  • 18 mai 2016 abonné·es
Bruxelles, ville d’arts et d’essais
© Courtesy of Kick the Machine Films

Fondé en 1994 par Frie Leysen, qui lui a donné son orientation artistique et en a assuré la direction jusqu’en 2007, et porté par le dynamisme de la scène flamande alors en plein essor, le Kunstenfestivaldesarts s’est rapidement affirmé comme un rendez-vous essentiel dans le domaine de la création contemporaine.

Manifestation fondamentalement bilingue (comme son nom l’indique) et résolument pluri-disciplinaire, avec une prédilection marquée pour le spectacle vivant, le festival – désormais piloté par Christophe Slagmuylder – se déroule durant trois semaines en mai à Bruxelles, dans des salles de spectacle et des espaces d’exposition, mais aussi dans des lieux plus atypiques ou même dans l’espace public.

En cours depuis le 6 mai, l’édition 2016 doit s’achever le 28 mai. Fidèle à l’esprit de large défrichage du festival, elle rassemble une -trentaine de projets artistiques d’horizons esthétiques et géographiques très variés. Le focus consacré à Apichatpong Weerasethakul en constitue sans nul doute le composant majeur. Au programme figurent une rétrospective de ses films (courts et longs métrages) et un florilège de ses travaux vidéo et installations plastiques – le tout réuni sous l’intitulé générique Memorandum et proposé au cinéma Galeries.

« Il m’est impossible de présenter toutes les installations, mais j’ai sélectionné différents types de mise en lumière, allant des premières vidéos, il y a dix-sept ans, aux plus récentes, précise Weerasethakul. Pour moi, elles correspondent à la sensation souterraine et intimiste que m’inspirent les espaces aux Galeries. » Cerise sur le gâteau : la présentation (du 21 au 25 mai) de Fever Room, sa toute première création scénique, qui prend sa source dans le mythe de la caverne, au fondement de l’imaginaire -théâtral et cinématographique. Via des jeux de lumière et de son sophistiqués, le spectateur, placé au cœur du dispositif, est invité à vivre une troublante expérience immersive, propice à un envoûtement sensoriel analogue à celui généré par les films de Weerasethakul.

Sur le dernier tiers du festival, on peut également découvrir, entre autres, Five Easy Pieces et Welcome To Caveland ! Nouvelle pièce – interprétée par des enfants – du très politique metteur en scène suisse Milo Rau, Five Easy Pieces ausculte les rapports entre enfants et adultes à travers la figure ô combien sulfureuse de Marc Dutroux. Installation très vivante déployée par Philippe Quesne dans l’enceinte du théâtre Les Brigittines, en écho à sa pièce La Nuit des taupes présentée au début du festival, Welcome To Caveland ! se veut un espace ouvert à l’expérimentation autant qu’à la réflexion, à la méditation autant qu’à la conversation.

Culture
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