De Rugy et ses amis dynamitent le groupe écologiste à l’Assemblée nationale

Avec le départ de six députés, qui rejoignent les socialistes, EELV perd l’un des derniers acquis de son accord de 2011 avec le PS.

Patrick Piro  • 19 mai 2016
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De Rugy et ses amis dynamitent le groupe écologiste à l’Assemblée nationale
De droite à gauche : François de Rugy, Barbara Pompili et Denis Baupin à l'Assemblée nationale. © ERIC FEFERBERG / AFP

« À chaque épisode, on pense avoir touché le fond, mais… » Sandrine Rousseau, l’une des porte-parole d’EELV, traduit probablement l’ambiance générale de déprime qui baigne le parti écologiste après le dernier coup de boutoir en date : la disparition du groupe parlementaire écologiste à l’Assemblée nationale. Il comptait 16 députés, un de plus que le seuil nécessaire pour déclarer un « groupe », ce qui donne droit à des prérogatives politiques et techniques au sein du Palais Bourbon. Six élus écolos viennent de prendre leur valise pour rejoindre le groupe socialiste : Éric Alauzet, Christophe Cavard, François de Rugy, François-Michel Lambert, Véronique Massonneau et Paul Molac. La liste n’est pas une surprise : tous sont « pro-gouvernement ». Mais l’intérêt collectif avait jusque-là permis une cohabitation avec les « autonomistes », dont Cécile Duflot est la tête de file.

C’est l’affaire Baupin qui a servi de prétexte à consommer la rupture : ce dernier ayant démissionné de sa fonction de vice-président de l’Assemblée nationale suite aux accusations de harcèlement sexuel dont il fait l’objet, c’est de Rugy qui l’a remplacé, laissant vacante la co-présidence du groupe écologiste qu’il assumait avec Duflot. Les « pro-Hollande » ont proposé Massonneau. Les « anti » ont refusé, alléguant qu’avec la vice-présidence de l’Assemblée, les « pro » étaient déjà bien servis. Dans un communiqué vengeur, les six assassinent (la stratégie) Duflot : « Une dérive sectaire a saisi EELV, concrétisée par le départ brutal et unilatéral du gouvernement », allusion à la décision de l’ex-ministre du Logement de ne pas rester dans le gouvernement Valls, en avril 2014. « On va au bout de la clarification », se console Sandrine Rousseau. Le groupe, qui ne compte plus que dix députés, pourrait être sauvé dans le cas où cinq députés en rupture de famille politique trouvent intérêt à nicher chez les écolos.

Politique
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