Fan-zones, pompes à fric

Erwan Manac'h  • 14 juin 2016
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Fan-zones, pompes à fric
Photo prise depuis la tour Eiffel lors du concert d'ouverture de l'Euro.
© ALAIN JOCARD / AFP.

La menace terroriste a décidément bon dos. Les dix fan-zones sécurisées, ainsi que les enceintes créées autour des stades, sont présentées comme des mesures de sécurité incontournables. Mais le concept inventé en 2008 en Suisse et en Autriche est en réalité conçu comme un formidable moyen de capter les retombées économiques de l’événement.

L’UEFA, l’organisateur de l’Euro basé en Suisse, est seul maître à bord. Et il impose une loi implacable. Les prestataires choisis pour faire vivre le lieu, notamment pour la restauration, doivent s’acquitter d’une redevance. Et les sponsors de la compétition, Coca-Cola et Calsberg, sont imposés. Il vous en coûtera 3,5 euros pour une petite bouteille d’eau et 4,5 euros pour un demi de la bière danoise, sachant qu’il est interdit d’introduire ses propres boissons… Pour des raisons de sécurité.

Dépenses publiques, bénéfices privés

Après les attentats de novembre, l’État a rallongé son budget consacré à la sécurisation des fan-zones (24 millions d’euros au total, auxquels s’ajoutent 20 millions de l’UEFA). Il ne peut en revanche escompter aucune retombée sonnante et trébuchante. Pour l’UEFA, le bénéfice est net d’impôts. L’organisation a en effet obtenu d’être exonérée sur les choux gras générés par la billetterie, le sponsoring et la vente de droits de retransmission. C’est une première, décidée sous Sarkozy et confirmée par Hollande, qui fera désormais loi pour tous les événements du même type.

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Pour couronner le tout, les villes ont pondu des arrêtés interdisant les retransmissions sur grand écran à côté des fan-zones. L’UEFA oblige enfin les collectivités locales qui veulent diffuser les matchs sur écran géant à lui payer une redevance supérieure à 1000 euros, révèlent aussi Bastamag et _Alternatives économiques dans une enquête très fouillée sur le business de l’UEFA.

Par ailleurs, dans un article du Monde du 31 mars 2016, le service de presse d’Euro SAS confirme l’existence d’une redevance de 600 euros par match dont les commerçants riverains du stade doivent s’acquitter s’ils veulent pouvoir ouvrir leurs portes.

Malgré tout, le patron du foot européen n’a visiblement pas réussi à capter totalement la dimension populaire du tournoi. La fan-zone de Marseille, qui peut accueillir 80 000 personnes en bord de mer, n’avait attiré que quelques milliers de spectateurs vendredi soir, relate BFMTV. Celle du Champ-de-Mars, à Paris, était à moitié vide.

Temps de lecture : 2 minutes
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