Une étude américaine explique que le carburant végétal est nocif pour la planète

Claude-Marie Vadrot  • 19 septembre 2016
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Une étude américaine explique que le carburant végétal est nocif pour la planète
© Photo : ALAIN JULIEN / AFP.

Le professeur John DeCicco, chercheur à l’Institut américain de l’Énergie, vient de publier une étude détaillée expliquant pourquoi et comment, aux États-Unis, le recours systématique aux carburants d’origine végétale, essentiellement à partir de maïs, est encore plus néfaste pour le climat que l’essence ou le diesel produits à partir du pétrole.

Cette étude, consultable sur le site de l’université du Michigan, est d’autant plus importante que depuis le lancement du programme fédéral américain de substitution énergétique en 2005, la quantité de maïs énergétiquement gaspillé est passé de 10 661 milliards de boisseaux (1) à 13 692 milliards de boisseaux par an pour la saison 2015-2016, soit environ 34 millions de tonnes d’après les statistiques du ministère de l’Agriculture américain. Production à comparer avec la récolte annuelle de 16 millions de tonnes de maïs en France dont 2,5 millions sont consacrés, sur 300 000 hectares, à la production d’éthanol faussement baptisé « biocarburant ».

En parallèle, les récoltes de maïs destinés à la production de carburant ont triplé malgré les protestations des écologistes et des scientifiques américains. Ce qui a fait passer la proportion d’essence d’origine végétale distribuée dans les stations service de 12,4 à 38,6% en 2015.

La neutralité carbone, explique le scientifique, a longtemps été un postulat et nous avons démonté une assertion qui avaient été « gelée » par de nombreux intérêts. Nous avons ainsi démontré que s’agissant du réchauffement climatique, la nocivité du carburant produit avec des végétaux, était pire que pour les carburants fossiles. Nous nous sommes rendus compte que le lobby des carburants végétaux et tous ceux qui se sont lancés dans ces cultures diffusaient de fausses informations à chaque fois que des interrogations remettaient en cause leurs argumentations.

Une « réussite » qui encourage les grandes sociétés agro-industrielles à prospecter l’Europe, dont la France et la Pologne, pour y acheter des terres à maïs. Un point des discussions du TAFTA – pour l’instant au point mort -, porte d’ailleurs sur ce sujet. Les négociations viseraient à priver les Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER) de leurs droits de préemption ou de refus sur le commerce des zones agricoles.

Pas de neutralité carbone

Le chercheur américain et son équipe ont soigneusement analysé la chaîne des émissions liées au carburant classique et celles engendrées par l’essence d’origine végétale. Pour cette dernière, ils ont évidemment inclus les conséquences du recours aux engrais et aux pesticides. Ces derniers étant beaucoup plus utilisés que pour la production destinée au maïs entrant dans l’alimentation humaine et animale.

En prenant l’exemple de l’État du Michigan, un de ceux où la culture du maïs industriel est développée, les scientifiques auteurs du rapport, expliquent notamment que la reforestation serait bien plus efficace pour limiter ou diminuer les rejets de gaz carbonique.

Un rapport qui contredit ce que racontent en France les producteurs d’éthanol dans leurs campagnes de relations publiques, affirmant « que cette alternative est bonne pour la planète »…

(1) « Ancienne mesure de capacité pour les grains et autres solides granuleux, restée en usage au Canada et dans les pays anglo-saxons pour les céréales (bushel). [Au Canada et en Grande-Bretagne, il équivaut à 8 gallons, soit 36,3 l ; aux États-Unis, il vaut 35,2 l.] » En savoir plus sur larousse.fr.

Écologie
Temps de lecture : 3 minutes
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