Venezuela : Maduro en perdition

Nombre de Vénézuéliens sont épuisés par des problèmes triviaux de survie quotidienne.

Patrick Piro  • 7 septembre 2016 abonné·es
Venezuela : Maduro en perdition
© Photo : JUAN BARRETO/AFP.

Un million de manifestants auraient défilé contre le gouvernement à Caracas le 1er septembre, selon l’opposition. Les autorités ne leur en concèdent que 30 000 ! Un rapport de 1 à 30 dont l’absurdité illustre le fossé qui ne cesse de s’élargir entre l’équipe dirigeante et ses détracteurs, aux troupes composées d’une opposition politique désormais solidement implantée et d’une frange grandissante de la population excédée par la pénurie de produits de base.

Les opposants politiques réclament avec constance un référendum sur la révocation du président Nicolas Maduro, à la tête du pays depuis le décès d’Hugo Chávez en 2013. Ils sont constitués d’une base très hétéroclite, étalée de la droite à la gauche modérée, et estiment légitime cette demande de révocation après leur écrasante victoire lors des élections législatives de décembre dernier, où ils ont remporté près des deux tiers des sièges. Confortée par sa démonstration de force, l’opposition appelle la population à descendre à nouveau dans la rue dès cette semaine pour faire tomber le gouvernement.

Nicolas Maduro avait, pour sa part, appelé à une contre-­manifestation qui a tout de même mobilisé des milliers de personnes. Mais les troupes populaires qui ont défendu Chávez pendant les quatorze ans de sa présence au pouvoir ont largement fondu. Désertées par une partie de la population qui renvoie dos à dos les partisans de Maduro et ses opposants. Car nombre de Vénézuéliens sont épuisés par des problèmes triviaux de survie quotidienne. Les magasins sont vides et la nourriture rationnée, les médicaments manquent et l’hyperinflation guette.

L’explication immédiate est mécanique : après plus d’une décennie favorable, les cours du pétrole ont fortement chuté à partir de 2014, plongeant le pays dans une récession économique violente. Le Venezuela, qui dispose des plus importantes réserves d’or noir au monde, en dépend à plus de 95 % pour ses rentrées de devises, une manne qui a conforté depuis des années les gouvernements successifs dans une économie d’importation de nombreux produits de première nécessité, plutôt que de viser l’autosuffisance. Maduro, qui n’a pas hérité du charisme de son prédécesseur, gère aujourd’hui dans un chaos grandissant l’échec du chavisme à libérer le pays de cette dépendance. Au point que la population voit s’estomper les acquis des quinze dernières années – recul de la pauvreté, santé, éducation, etc. L’état d’urgence atteint un niveau tel que le gouvernement a nommé 18 hauts gradés militaires pour tenter de juguler les pénuries, que le gouvernement attribue pour partie à une spéculation organisée par les grands distributeurs.

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