Opération Correa

Pierre Carles et Nina Faure livrent un portrait contrasté du président équatorien.

Jean-Claude Renard  • 26 octobre 2016 abonné·es

Dans Where to invade next, sorti le mois dernier, Michael Moore venait chercher sur le Vieux Continent les bonnes idées qui pourraient être utiles aux États-Unis. Soutenu par 1 712 financeurs participatifs, c’est un peu le chemin inverse qu’empruntent le duo de réalisateurs Nina Faure et Pierre Carles pour ce documentaire, On revient de loin, à la suite d’un premier épisode, Les ânes ont soif (2014), qui entend montrer d’autres modèles que le néo-libéralisme sévissant en Europe.

Direction l’Équateur, où Rafael Correa Delgado, ministre de l’Économie démissionnaire, a refusé de plier devant les diktats du FMI, prônant une révolution citoyenne, la justice sociale et l’égalité des chances. Un coup d’éclat populaire qui l’a propulsé en 2006 à la tête du pays, avec la promesse de renvoyer les délégués de la Banque mondiale. Le pays consacrait alors 8 milliards de dollars au paiement de la dette, contre 2 milliards au social. Aujourd’hui, au bout de réformes en profondeur, économiques et sociales, le rapport s’est inversé. Ce qui n’en fait pas un territoire heureux pour tout le monde.

Proposant un éclairage rare sur un pays quasi oublié, les réalisateurs ne se contentent pas de la parole officielle, mais recueillent aussi celle de la population, dessinant un portrait plus mitigé de la situation, en tout cas moins euphorique. Au diapason des désaccords entre Pierre Carles et Nina Faure, le premier militant pour un Correa conseiller politique en France, la seconde plus mesurée devant un dirigeant ouvertement opposé à l’avortement, et tous deux pleinement dans le cadre de la caméra, omniprésents à l’écran. Soit les mêmes travers que Michael Moore.

On revient de loin, Pierre Carles et Nina Faure, 1 h 41.

Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes