Sous-traitance : Quel droit de grève pour les travailleurs sans papiers ?

25 travailleurs sans papiers ont été délogés par la police d’un chantier sur la clinquante avenue de Breteuil qu’ils occupaient depuis près d’un mois.

Politis  • 5 octobre 2016 abonné·es
Sous-traitance : Quel droit de grève pour les travailleurs sans papiers ?
© Photo : CITIZENSIDE / DENIS PREZAT / AFP

Fin de grève manu militari dans la clinquante avenue de Breteuil (VIIe arrondissement de Paris). Le 30 septembre, vers 7 h 30 du matin, 25 travailleurs sans papiers ont été délogés par la police du chantier qu’ils occupaient depuis près d’un mois, sur le bâtiment du groupe mutualiste Covéa, regroupant la Maaf, la GMF et MMA. Employés « au noir » pour une entreprise de destruction, ils avaient dû appeler eux-mêmes les pompiers après la chute d’un de leurs collègues, victime d’une double fracture ouverte, leur patron ayant refusé de prévenir les secours.

Les pompiers sont arrivés sur les lieux avec l’inspection du travail et – fait rarissime – les employés ont décidé de se mettre en grève et d’occuper leur chantier. Ils réclamaient la prise en charge de l’accident du travail de leur collègue et des bulletins de paie en bonne et due forme. Le donneur d’ordre, Covéa, a assigné les grévistes en justice et rompu son contrat avec la société sous-­traitante, MTBat Immeubles. Le tribunal de Paris a ordonné l’expulsion le 21 septembre, en refusant d’accorder le bénéfice du droit de grève à ces travailleurs sans contrat. La police est intervenue neuf jours plus tard sans rencontrer de résistance. Entre-temps, les grévistes avaient obtenu de la préfecture la garantie que treize d’entre eux seraient régularisés, indique la CGT. La pression pèse désormais sur Covéa. Le groupe « assurément humain » doit obtenir de son sous-traitant qu’il formule des demandes d’autorisation de travail pour faire régulariser les douze autres employés, s’il veut mettre un terme à cet épisode désastreux pour son image.

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