Climat : panique des chercheurs américains qui délocalisent leurs bases de données

Les scientifiques craignent que leurs recherches soient censurées ou effacées.

Claude-Marie Vadrot  • 14 décembre 2016
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Climat : panique des chercheurs américains qui délocalisent leurs bases de données
© Photo : PIERRE ANDRIEU / AFP

Crise de paranoïa ou inquiétudes réellement fondées ? La plupart des scientifiques américains et des universités effectuant des recherches, des calculs ou des observations sur la question du dérèglement climatique ont entrepris de mettre toutes leurs données à l’abri de la « tempête Trump ». La communauté de ces chercheurs a commencé il y a quelques jours de copier toutes ses archives sur des serveurs indépendants et si possible basés hors des États-Unis. Objectif de ce qu’ils nomment une « guérilla des archives » : les mettre à l’abri de toute tentative des futurs responsables du gouvernement de Donald Trump de soumettre des milliards de données à une censure politique, voire à exiger leur effacement de leurs serveurs.

Ce qui a déclenché cette opération de sauvegarde : les exigences de l’équipe de transition du futur président de se voir communiquer les noms de tous les fonctionnaires et de tous les contractuels qui ont participé aux discussions climatiques depuis des années. Même exigence nominative pour ceux qui ont fourni les éléments scientifiques sur lesquels se sont basés les experts pour mettre au point le plan de Barak Obama pour légiférer sur la régulation des émissions de carbone. Les mêmes menaces pèsent sur les spécialistes des énergies renouvelables bien que l’Agence fédérale de l’Énergie ait pour l’instant refusé de communiquer les noms et coordonnées de ses fonctionnaires et spécialistes.

Commentaire de Nick Santos, l’un des chercheurs éminent de l’université de Californie : « Au départ, je pensais que cette idée relevait de la paranoïa, jusqu’à ce que je réalise qu’il s’agissait d’une crainte tout à fait plausible ». Ce scientifique a donc commencé le 11 décembre à copier toutes ses données sur un serveur indépendant sur lequel elles resteront accessibles au public et aux organismes de recherche. Ils sont des milliers à avoir interrompu leur travail pour mettre leurs données en lieu sûr.

Face au sauve-qui-peut ayant gagné l’essentiel de la communauté scientifique, des fondations privées et des mécènes ont proposé de financer la vague de sauvegarde de données qui gagne tous les instituts et la plupart des universités pour que les chercheurs inquiets puissent mettre leurs données à l’abri avant la fin de l’année. Un travail aussi titanesque que fastidieux. Mais tous se souviennent des tentatives de Georges W. Bush qui avait essayé de faire « disparaître » des rapports et de mettre hors de portée du public et des instituts de recherche les rapports les plus alarmants sur l’évolution du climat.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes
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