Le débat qui fait débat

L’émission de lundi sur TF1, ouverte à cinq candidats seulement, a suscité une polémique sur les temps de parole.

Jean-Claude Renard  • 22 mars 2017 abonné·es
Le débat qui fait débat
© photo : Eliot BLONDET / POOL / AFP

Près de dix millions de téléspectateurs. Ce lundi 20 mars, TF1 a réussi son coup d’audience en diffusant le premier débat entre cinq candidats à la présidentielle… choisis parmi les mieux placés par les instituts de sondages. Un résultat prévisible, sachant que le débat fait toujours des scores bien supérieurs à ceux d’un entretien avec un interlocuteur unique. Cela s’est vérifié lors des émissions précédant les primaires de la droite et du centre (5,6 millions), puis celles de la Belle Alliance populaire (3,8 millions), toutes diffusées sur TF1.

Ce débat à cinq a été diffusé après le dépôt par le Conseil constitutionnel de la liste des onze candidats à la présidentielle. Deux jours après tout juste. Non sans hasard puisque, depuis la loi du 25 avril 2016, encadrée par le CSA, le temps d’égalité de parole a été réduit au temps d’équité (selon la représentativité du candidat), applicable en radio et à la télévision, épargnant la presse écrite et Internet. Le temps d’égalité stricte, lui, ne sera exécutif que le 10 avril, soit treize jours avant le premier tour. Pour TF1 (avec sa filiale LCI), il y avait donc urgence.

Nicolas Dupont-Aignan a été le premier à s’insurger contre le choix opéré par TF1, appelant au boycott de la chaîne, déposant un recours au Conseil d’État, avant d’être débouté, l’institution estimant que son absence au débat ne constituait pas « une méconnaissance du principe d’équité » entre les candidats.

Tout cela n’est pas sans conséquences, quand on observe comment les citoyens vont chercher l’information. En effet, d’après une enquête réalisée les 1er et 2 mars par l’institut OpinionWay sur « les Français et les programmes des candidats à l’élection présidentielle », 48 % de Français sont au fait de ces programmes grâce à la télévision. Les trois premières sources d’information sont les JT (48 %), les débats (31 %) et les émissions où sont invités les candidats. Toujours selon cette enquête, seuls 40 % des sondés utilisent le Web pour s’informer.

À ce jeu, François Fillon, très exposé durant l’hiver (avant et en dehors de l’affaire Penelope), est celui qui bénéficie de la plus grande notoriété, avec 58 % de Français jugeant bien connaître son projet, contre 56 % pour Marine Le Pen et seulement 43 % pour Jean-Luc Mélenchon.

On comprend combien, durant cette campagne, chaque apparition médiatique est précieuse [1]. Un deuxième débat, mais avec les onze candidats, aura lieu le 4 avril sur BFM TV et CNews, une date toujours sous le coup du principe d’équité. Un troisième, également avec tous les postulants, se tiendra le 20 avril sur France 2. Ce lundi, chaque candidat avait droit à une dizaine de minutes de parole pour parler sécurité, immigration, identité, société, écologie et institutions. De combien de temps disposeront-ils à onze ? Et avec quel enseignement pour les citoyens ?

[1] Le soir même du débat sur TF1, Nicolas Dupont-Aignan a dû se contenter d’une interview sur BFMTV, puis enchaîner sur « Touche pas à mon poste » et, enfin, CNews, tandis que Nathalie Arthaud, Philippe Poutou et Jacques Cheminade ont débattu sur Explicite, nouveau média d’info sur les réseaux sociaux.

Médias
Temps de lecture : 3 minutes