Des terroristes à but lucratif

Politis  • 25 avril 2017
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Des terroristes à but lucratif
photo : Julien Pitinome / NurPhoto / AFP

On a beaucoup entendu parler de l’attentat à la bombe, le 11 avril, contre le bus des joueurs de l’équipe de football de Dortmund et des « premières pistes » des enquêteurs allemands : la thèse d’un attentat islamiste. Les médias ont été moins prolixes, vendredi 21 avril, suite aux annonces du parquet fédéral allemand qui dit avoir interpellé un Germano-Russe de 28 ans. Lequel avait en réalité l’intention de… spéculer en bourse sur la baisse du cours de l’action du Borussia Dortmund.

Le terroriste avait souscrit juste avant l’attentat 15 000 « options de vente » pour des actions du club à la date du 15 juin, à un prix fixe. En faisant chuter le cours de l’option, avec l’attentat qui n’a heureusement fait qu’un blessé, il espérait pouvoir acquérir 15 000 actions à prix cassé pour les revendre, le 15 juin, au prix fort. Il aurait pu empocher entre 1 et 4 millions d’euros, selon les estimations. Un attentat à but lucratif qui constitue une sinistre première, de mémoire de banquier.

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La mécanique médiatique a aussi montré sa célérité à produire le récit d’un terroriste jihadiste, dans les heures qui ont suivi l’attaque qui a coûté la vie à un policier, jeudi 20 avril, sur les Champs-Élysées. Le portrait du terroriste islamiste est resté prédominant, malgré un faisceau d’indications qui incitaient à le nuancer. Le groupe jihadiste État islamique a revendiqué l’attentat en se trompant de kamikaze, et le terroriste ne présentait en réalité « aucun signe de radicalisation », selon les mots du procureur de la République de Paris. 

Il avait certes été arrêté le 23 février, après avoir affirmé en décembre à un proche vouloir « tuer des policiers en représailles de ce qui se passait en Syrie ». Mais il avait déjà été condamné pour deux tentatives d’homicide contre des policiers en 2001. C’était à l’époque un fait divers. Et des proches dressent le portrait d’un homme « psychologiquement vraiment atteint ».

Les échos
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