La Commune en live

David Lescot convoque la mémoire de l’insurrection de 1871 et sa postérité.

Anaïs Heluin  • 26 avril 2017 abonné·es
La Commune en live
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Chez David Lescot, la musique et l’histoire font bon ménage. Les révolutions d’ici et d’ailleurs sont par exemple évoquées dans un tour de chant à l’énergie rock interprété par Norah Krief (Revue rouge), et le passé des États-Unis à travers un oratorio aux sonorités diverses, du gospel au spoken word en passant par le rock et le rap (Tout va bien en Amérique).

Dans La Chose commune, le traitement du mouvement populaire de 1871 est plus inattendu et réjouissant encore. Née d’une rencontre avec le jazzman Emmanuel Bex, qui pratique la musique comme un outil de réflexion sur la société, cette nouvelle création dit en effet la complexité de la Commune de Paris via un opéra hybride à dominante jazz.

Resté dans les mémoires autant pour son expérience de démocratie directe que pour sa fin sanglante, l’épisode historique s’accommode à merveille de l’anachronisme et du mélange imaginés par David Lescot et son complice. Accompagné du slam de l’Américain Mike Ladd et de la chanson française d’Élise Caron, le croisement des révoltes et des libertés a l’incongru parfaitement naturel. Et entraînant.

Pour la plupart écrits par David Lescot, les textes composent un récit fragmentaire mais chronologique des événements. D’un poème épique sur le soulèvement du 18 mars à une chanson inspirée d’un texte écrit par Louise Michel lors de sa déportation en Nouvelle-Calédonie, La Chose commune réveille des figures plus ou moins connues. Élisabeth Dmitrieff, par exemple, « fille illégitime de l’opulence et de la pauvreté/“Comme l’amour”, dit la légende/Comme l’amour ».

Quelques textes d’époque se fondent en toute discrétion : les paroles du chant révolutionnaire « La Canaille », l’éditorial du Cri du peuple du 26 mars, par Jules Vallès, ou un hommage de Verlaine à Louise Michel. Des rappels d’une ferveur qui ne semble pas près de s’éteindre.

La Chose commune, de David Lescot, jusqu’au 29 avril au Théâtre de la Ville-Espace Cardin, Paris VIIIe. Le 17 novembre dans le cadre du D’Jazz Nevers Festival, à Nevers (Nièvre).

Théâtre
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