Islamophobie, non merci

Merci de mettre un terme à vos jérémiades islamo-gauchistes. Alors quoi, on peut plus critiquer l’isl… les religions ?

Sébastien Fontenelle  • 12 juillet 2017 abonné·es
Islamophobie, non merci
photo : Marwan Muhammad, directeur du CCIF.
© DOMINIQUE FAGET / AFP

Nous vivons une époque assez formidable, où des représentant-e-s d’une gauche qui se dit « radicale » – mais qui ne l’est tout de même pas au point qu’elle développerait une intolérance catégorique à toutes les formes d’exclusion et de xénophobie – vont désormais psalmodiant, selon un mode tout finkielkrautien, que, si tu t’émeus trop de trop de racisme(s), t’es sans doute un peu « racialiste » – genre t’as quelque chose en toi de Joseph Goebbels, et d’ailleurs, tavu, t’acceptes même que des femmes noires se réunissent sans le moindre Blanc, c’est pas une preuve, ça ? C’est pas une preuve que t’es un peu comme un-e espèce de quasi-nazi-e ?

Naturellement, ces gens ne supportent pas du tout, dans une période où les musulman-e-s sont tous les jours stigmatisé-e-s par les forgeron-ne-s de l’opinion, qu’on parle d’« islamophobie » : c’est vrai qu’il y a peut-être un tout petit sentiment antimusulman qui se développe depuis quelques minutes dans l’Occident des Lumières, concèdent-ils éventuellement dans les rares moments où on arrive à les faire revenir dans la vraie vie. Mais, pour autant, merci de ne pas en faire tout un plat, merci de mettre un terme à vos jérémiades islamo-gauchistes – alors quoi, on peut plus critiquer l’isl… les religions, dans ce pays rongé par le décolonialisme ?

Pour te laver un peu la tête de ces discours affreux, tu peux (et devrais) profiter de l’été pour lire le livre, dont je voulais depuis longtemps te parler – mais entre-temps il y a eu des élections –, de Marwan Muhammad, directeur du CCIF [1] : Nous (aussi) sommes la nation [2]. Il rappelle, par exemple, que la définition de l’islamophobie est très simple et facilement compréhensible (et qu’elle n’induit évidemment aucune remise en cause de « la liberté d’expression, dont celle de critiquer l’islam en tant que religion ou bien telle ou telle doctrine politique se réclamant de l’islam en tant qu’idéologie »), puisqu’« il s’agit de l’ensemble des actes de discrimination ou de violence contre des institutions ou des individus, en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à l’islam ».

Mais que : « Malgré cette précision dans la définition comme dans l’usage du concept, l’écrasante majorité des critiques publiques qui subsistent, à propos du terme “islamophobie”, se sont depuis longtemps affranchies de tout besoin d’argument objectif ou de preuve pour soutenir leur position. » Explication : « Ces atermoiements sémantiques ne répondent pas à une demande de sens, mais plutôt à une volonté de nier l’existence du phénomène, de contester les moyens choisis pour l’endiguer ou de mettre en cause les associations qui travaillent sur ces questions », qui s’exprime donc jusque dans des coins et recoins de la gauche, où domine « un sectarisme doctrinal intransigeant qui ne peut concevoir les voies de l’émancipation que sous la forme d’une uniformité culturelle : “Tu seras libre quand tu me ressembleras.” »

Bonne lecture !

[1] Collectif contre l’islamophobie en France, www.islamophobie.net

[2] La Découverte, 239 p., 18 euros.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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