Reporters sans frontières alerte sur les violences policières contre des journalistes

Si les violences de la part des forces de l’ordre touchent d’abord les habitants des quartiers populaires, les journalistes sont aussi trop souvent ciblés en marge des mobilisations sociales. RSF saisit le Défenseur des droits.

Politis.fr  • 7 juillet 2017
Partager :
Reporters sans frontières alerte sur les violences policières contre des journalistes
© photo : Simon Guillemin / Hans Lucas

C ouvrir une manifestation ou un événement public en France est aujourd’hui devenu une activité à haut risque pour les reporters et les photographes » : c’est ainsi que Reporters sans frontières (RSF) amorce son communiqué publié vendredi 7 juillet, alertant sur les violences policières récurrentes dont des journalistes ont été récemment la cible dans l’exercice de leurs fonctions, alors qu’ils couvraient des mobilisations sociales telles que Nuit debout, les manifestations contre la loi El Khomri ou encore celles qui ont émaillé la récente période électorale.

En conséquence, l’association a décidé de saisir « le Défenseur des droits afin qu’il mène des investigations, qu’il demande des sanctions le cas échéant, et surtout qu’il adresse des recommandations fermes et précises aux autorités, notamment celle de respecter la liberté d’informer des journalistes ». En effet, pour RSF, de tels agissements de la part des forces de l’ordre relèvent d’une « forme de censure ».

Autour des cas de 10 reporters, RSF a constitué des dossiers illustrant les violences, insultes, menaces, voire « humiliations à caractère sexuel », dont sont victimes de manière délibérée et non justifiée beaucoup plus largement les journalistes, même lorsqu’ils sont clairement identifiables comme tels. Ces actes entraînent parfois des blessures. Ainsi, « Ugo Amez a dû être arrêté trois jours après avoir reçu un tir tendu de Flash-Ball, Michel Bunel a eu le doigt brisé par un coup de matraque ».

Si les journalistes ne sont pas les premières cibles de violences policières – qui sont d’abord les habitants des quartiers populaires, les migrants et les activistes –, leur capacité à exercer leur métier sans entraves est fondamentale pour remplir convenablement sa mission auprès du public. Prévenir de tels agissements est donc un enjeu majeur pour la liberté de la presse

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

À Sainte-Soline et ailleurs, les traumatismes oubliés des journalistes
Témoignages 25 mars 2024

À Sainte-Soline et ailleurs, les traumatismes oubliés des journalistes

« Certaines images me hantent » : la phrase revient dans la bouche de nombreux journalistes. Face à la violence vue ou vécue sur le terrain, comme celle subie à Sainte-Soline, les traumatismes s’installent, comme pour les autres acteurs des luttes. S’y ajoute parfois la culpabilité. Une vingtaine de consoeurs et confrères témoignent.
Par Maxime Sirvins
Un policier condamné pour viols en cavale
Police 11 mars 2024

Un policier condamné pour viols en cavale

C’est une nouvelle qui fait grincer des dents à la préfecture de police de Paris : un policier, interpellé dans l’Essonne pour des faits de violences conjugales en fin de semaine dernière, aurait pris les voiles. Il avait déjà été condamné à 10 ans de réclusion.
Par Maxime Sirvins
Affaire Geneviève Legay : le commissaire écope de six mois de prison avec sursis
Justice 8 mars 2024

Affaire Geneviève Legay : le commissaire écope de six mois de prison avec sursis

Le tribunal correctionnel de Lyon a rendu son verdict ce vendredi 8 mars dans l’affaire de la charge policière ayant gravement blessé la retraitée et militante d’Attac, en 2019. Le commissaire Souchi, condamné, fait appel.
Par Oriane Mollaret
Éclats et traumatismes sonores : les nouvelles grenades du maintien de l’ordre
Maintien de l'ordre 15 février 2024

Éclats et traumatismes sonores : les nouvelles grenades du maintien de l’ordre

INFO POLITIS. Les forces de l’ordre vont bientôt être dotées de nouvelles grenades, dont deux au rayon des « assourdissantes ». Leur intensité sonore est susceptible de provoquer de graves séquelles. De plus, certaines projetteraient des fragments vulnérants. Politis a mis la main sur des informations exclusives… et inquiétantes !
Par Maxime Sirvins