« J’ai honte d’être citoyen de Paris en 2017 »

Un citoyen pousse un cri de colère face à la façon dont sont traités les réfugiés devant la plateforme d’accueil des demandeurs d’asile du 127, boulevard de la Villette, à Paris.

Alexandre Charlet  • 24 novembre 2017
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« J’ai honte d’être citoyen de Paris en 2017 »
© photo : GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Affligé, révolté, dégouté. J’ai honte.

Profondément honte. Depuis longtemps. Trop longtemps.

Honte d’être citoyen de Paris, en 2017.

Depuis plus d’un an et demi, je suis témoin d’exactions envers des « étrangers » (le fait de devoir nommer ainsi ces personnes me donne envie de vomir, puisqu’à mon sens il n’y a pas d’« étrangers » sur cette terre, mais c’est bien ce dont il s’agit, puisqu’il est un « droit des étrangers » dans ce pays) sur le trottoir de la honte, aussi appelé trottoir des 40 000, parce que 40 000 personnes y ont déjà passé une ou plusieurs nuits, pour tenter d’accéder au droit d’asile.

Il s’agit du boulevard de la Villette, entre les Xe et XIXe arrondissements de Paris.

Ils sont patients, très patients, ces « étrangers » qui au péril de leurs vies ont traversé la Méditerranée et/ou de nombreuses frontières, et attentent plusieurs jours, plusieurs nuits, l’ouverture matinale de la plateforme d’accueil des demandeurs d’asile (Pada) du 127, boulevard de la Villette, à Paris. Entre 100 et 200 personnes chaque nuit. Depuis plus d’un an et demi.

Je les admire, parce que même s’ils se battent régulièrement pour garder leur place dans la file d’attente, ou tenter de la gagner, ils ne sont violents envers personne d’autre. Alors qu’ils sont ostensiblement méprisés, humiliés, maltraités, quotidiennement.

Plus d’un soir, plus d’une nuit, j’ai eu envie de desceller cette satanée grille devant laquelle ils doivent attendre.

Ne pas accueillir dignement ces personnes qui cherchent notre protection, pour leur signifier qu’elles ne sont pas les bienvenues, voilà la politique de non-accueil des demandeurs d’asile en France. C’est détestable, au plus haut point.

J’ai témoigné, dénoncé autant que j’ai pu. Par écrit, au téléphone, dans les yeux. Amis, élus, politiques, députés, directeur général de France terre d’asile, journalistes ont été alertés.

Des centaines de milliers de personnes sont passées devant le 127, boulevard de la Villette, à pied, à bicyclette, en scooter, en moto, en voiture, en camionnette, en camion, en moto… et ont donc été témoins de l’indignité dans laquelle ces personnes passent la nuit dehors sur le trottoir du boulevard de la Villette, dans des conditions abominables.

Il faut que cela cesse, au plus vite. Voilà pourquoi je participerai au mouvement de jeûne des habitants de mon quartier, si cette situation venait à se prolonger au-delà du 1er janvier 2018.

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Tribunes

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