Metz : La paix dans le chaos

Le troisième album de Metz, comme les précédents, est un pur concentré d’énergie brute, qui transcende les genres et emporte l’auditeur.

Jacques Vincent  • 15 novembre 2017 abonné·es
Metz : La paix dans le chaos
© photo : Ebru Yildiz

Le troisième album de Metz, Strange Peace, arrive à point. Pour ceux qui ressentiraient une sorte de lassitude devant une production trop souvent pâle et sans saveur, une tendance intimiste qui ne réussit pas à faire partager son malaise, des disques qui passent sans réellement laisser de traces, et qui éprouveraient le besoin, à l’opposé, d’une musique qui explose et emporte tout sur son passage.

Ce trio canadien ne cache pas ses intentions : « J’aime faire une musique qui cogne aux tripes », déclare le guitariste et chanteur Alex Edkins. Sans être le leader d’un groupe dont chaque composition est signée du collectif, il n’en est pas moins l’élément central. Les morceaux partent souvent des riffs qu’il invente, et sa voix est essentielle dans le résultat final.

Punk rock, noise-punk, post-hard core, il semble bien qu’on ait du mal à faire entrer la musique de Metz dans un genre précis. Peu importe. Il faut surtout savoir que le trio est du genre bruyant, puissant et percutant. Sa force est précisément de transcender les genres et de pouvoir entraîner un public au-delà du cercle le plus concerné par les étiquettes qui lui sont généralement attribuées.

Pour notre part, cette musique évoque deux concerts très différents, mais dont le point commun serait la production d’un déluge sonore qui engloutit l’auditeur : Nirvana au Zénith de Paris en 1994, qui, au sommet de la tension, avait donné l’impression d’empoigner la salle et de la secouer comme si elle ne pesait rien ; puis John Zorn à la Grande Halle de La Villette, en 2000, avec un son dantesque se déversant en cascade métallique.

Metz pourrait se situer entre les deux, dans cette interzone hautement bruitiste, pour sa capacité à créer une sorte de cataracte sonore continue et sa tendance radicale revendiquée et assumée, qui évite néanmoins l’écueil trop fréquent d’une voix réduite à un cri continu. Celle d’Alex Edkins, qui rappelle souvent celle de John Lydon dans Public Image Limited, possède au contraire cette qualité qui lui permet de s’incruster parfaitement dans la masse sonore et de porter ce que les compositions savent conserver de sens mélodique.

Metz joue vite et fort une musique dont les effets se rapprochent de la transe, qui prend l’auditeur dès les premiers accords et ne le lâche plus. Le meilleur commentaire à ce propos vient sans doute d’un musicien du groupe Death From Above 1979, Jesse Keeler, qui a tourné avec Metz et qui, en regardant jouer les trois musiciens, disait avoir l’impression de voir trois batteurs sur scène tellement, entre leurs mains, guitare, basse et batterie semblaient devenir trois instruments de percussion.

Mais, alors, pourquoi le mot « paix » dans le titre de l’album ? Parce que les chansons « parlent de la recherche d’un semblant de paix au milieu du chaos », explique Alex Edkins. Ce que l’on n’aurait certes pas deviné.

Strange Peace Metz, SubPop.

Musique
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