États-Unis : Alabama : le début de la fin pour Trump ?

Lors d’une élection sénatoriale partielle qui a captivé le pays, mardi 12 décembre, l’ancien juge Roy Moore, soutenu ouvertement par Donald Trump malgré des accusations d’abus sexuels sur mineures, a été battu par le démocrate Doug Jones.

Alexis Buisson  • 19 décembre 2017 abonné·es
États-Unis : Alabama : le début de la fin pour Trump ?
© photo : SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

L’Alabama, État conservateur de la « Bible Belt », était réputé imperdable pour les républicains. Et pourtant. Lors d’une élection sénatoriale partielle qui a captivé le pays, mardi 12 décembre, l’ancien juge Roy Moore, soutenu ouvertement par Donald Trump malgré des accusations d’abus sexuels sur mineures, a été battu par le démocrate Doug Jones, sur lequel personne n’aurait misé il y a seulement six mois. Cela faisait vingt-cinq ans que cet État n’avait pas élu un démocrate au Sénat.

C’est un revers majeur pour Trump, à peine un an après son entrée en fonction. Au-delà des conséquences politiques immédiates – les démocrates disposent désormais de 49 sièges au Sénat contre 51 pour les républicains –, cet épisode confirme que l’influence du milliardaire s’amenuise. Car il fait suite à d’autres revers cinglants. En novembre, les démocrates sont sortis largement victorieux d’une série de scrutins locaux. En Géorgie, contre toute attente, ils arrachent des sièges républicains ; et en Virginie, l’un des leurs a été élu gouverneur au terme d’une campagne où son adversaire républicain a reproduit les techniques de campagne stigmatisantes et anxiogènes de Trump. « Quand on demande aujourd’hui aux Américains leur préférence de vote générique pour le Congrès, le démocrate devance le républicain de dix points en moyenne. C’est le plus grand écart depuis 2008 », relève Alan Abramowitz, professeur de sciences politiques à l’université Emory State.

La Maison Blanche peut légitimement s’inquiéter de la mobilisation des minorités et des banlieues dans ces scrutins locaux. En Alabama, la communauté afro-américaine a voté en masse, encouragée par Barack Obama et les propos affligeants de Roy Moore sur les effets positifs de l’esclavage. Une surprise, car les minorités délaissent les urnes en dehors de la présidentielle et des scrutins de mi-mandat. De plus, des zones périurbaines solidement républicaines à New York, en Virginie, près d’Atlanta ou de Seattle viennent de virer démocrates, sous l’afflux d’électeurs qui fuient les loyers onéreux des villes. En Alabama, la périphérie de grandes villes largement pro-Trump en 2016 revient dans le sillon démocrate.

Si le Président voit son étoile pâlir nettement, ce genre de défaites n’est cependant pas inhabituel pour le parti au pouvoir. Aussi, miné par une popularité au plus bas et par l’enquête sur l’ingérence russe dans son élection en 2016, il peut compter sur sa réforme de la fiscalité, très attendue, pour mobiliser sa base. Le Président « Teflon Trump », ainsi surnommé car aucune adversité ne semble « adhérer » sur lui, aime se jouer des pronostics.

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