Brésil : lourde condamnation pour Lula

L’ancien président brésilien était jugé en appel pour « corruption passive » et « blanchiment d’argent ». Il a écopé de plus de douze ans de réclusion.

Patrick Piro  • 25 janvier 2018
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Brésil : lourde condamnation pour Lula
photo : Lula lors d'un rassemblement en son soutien à Sao Paulo, le 24 janvier 2018.
© FOTORUA / NURPHOTO

Douze ans et un mois de prison. C’est le verdict, alourdi en appel, du tribunal qui a condamné mercredi 24 janvier l’ancien président brésilien Lula pour « corruption passive » et « blanchiment d’argent ». Après le coup d’État parlementaire qui a destitué Dilma Rousseff en 2016, c’est au tour d’une justice aux ordres de s’acharner sur son mentor Lula, l’ancien ouvrier et syndicaliste de gauche adulé par le petit peuple pour avoir fait notablement reculer la pauvreté au Brésil lors de ses huit années au pouvoir (2003-2011). 

Lula aurait reçu en cadeau un triplex, pot-de-vin soupçonné. Mais le dossier est très mince : l’appartement n’est pas à son nom, et il n’y aurait jamais mis les pieds. Rien qui justifie en tout cas l’extrême sévérité et célérité judiciaire dont la star politique a l’exclusivité : à droite, 45 des 81 sénateurs sont sous le coup d’accusations criminelles et toujours pas inquiétés. Jusqu’au président Temer lui-même. Le « tombeur » de Rousseff est dans le collimateur pour « participation à une organisation criminelle », « corruption passive » et « obstruction à la justice », mais rien ne bouge grâce à l’appui du Congrès… qui a permis sa désignation à la présidence. 

Le fond politique de l’affaire, c’est que Lula veut concourir à nouveau à la présidentielle, et qu’il caracole en tête des sondages. Sa condamnation définitive invaliderait sa candidature. Des recours existent encore. De quoi tenir jusqu’en octobre prochain, date du scrutin ? Pas si la justice persiste dans son exceptionnelle diligence… Alors que la gauche politique reste abasourdie par cet impensable retour des années noires du clientélisme et de l’omnipotence des élites, la rue pourrait alors se charger de sonner la révolte.

Police / Justice Monde
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