Royaume-Uni : le transport mortel des poulets d’élevage

Une équipe de journalistes d’investigation alerte sur la mort de plus d’un million de volailles par an dans le transport vers les abattoirs.

Claude-Marie Vadrot  • 30 janvier 2018
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Royaume-Uni : le transport mortel des poulets d’élevage
© photo : FRED TANNEAU / AFP

Chaque année, viennent d’avouer les responsables de l’Agence de régulation de l’alimentation (FSA) du Royaume-Uni, plus d’un million de poulets meurent pendant leur transport vers les abattoirs ou avant abattage dans les bâtiments de stockage. Ces chiffres et quelques autres ont été obtenus il y a quelques jours par l’équipe du Bureau d’investigation du journalisme, 18 journalistes professionnels rassemblés dans une ONG depuis 2010 et qui se donnent pour tâche, dans tous les domaines, d’éduquer l’opinion en rendant publiques des informations ou des situations dissimulées par l’administration ou des organismes et entreprises privés. De quoi choquer dans un pays où la préoccupation animale a largement précédé la récente et relative prise de conscience française et où l’on compte 600 000 vegans{: target= »blank » style= »background-color: rgb(255, 255, 255); » } et un million de végétariens.

Désastreuses méthodes de capture

Au 1,35 million de poulets morts avant d’arriver aux abattoirs, il faut ajouter des dizaines de milliers de canards, d’oies et de dindes, tués, toujours selon les responsables de l’agence, soit par asphyxie dans des camions trop chargés, soit en raison de désastreuses méthodes de capture au moment du chargement.

Cette maltraitance ne doit pas faire oublier les traitements infligés déjà dans les élevages : 680 000 animaux avec des blessures, des maladies de peau ou des fractures, 376 000 en état de sous-nutrition et 278 000 souffrant de maladies respiratoires. Des millions de volailles sont chaque année affectées par des hépatites, des dermatoses ou des anémies graisseuses, ce qui n’empêche pas leur commercialisation. Ces maladies peuvent en partie s’expliquer par la détérioration des conditions d’élevage : dans les années 1960, la croissance d’un poulet standard à rôtir était en moyenne de 63 jours contre 35 jours en 2018. D’où une fantastique économie de nourriture pour les « éleveurs ».

Une journaliste de l’ONG explique :

Les oiseaux pour élevage intensif sont issus d’une sélection génétique. Ces animaux à croissance rapide souffrent de claudication car ils ne supportent pas leur rapide prise de poids et présentent un risque élevé d’insuffisance cardiaque. Alors, dans les élevages intensifs ou durant leur transport, beaucoup de ces oiseaux faibles ou malades ne survivent pas.

En fait, il apparaît que derrière les chiffres officiels que la FSA a communiqués de très mauvaise grâce aux journalistes, la production des volailles de consommation courante entraîne une mortalité bien plus importante, compensée par la « productivité » de cette activité. Ce qui indigne des millions de Britanniques et leurs députés.

Monde Écologie
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