Pour le 8 mars, un raz-de-marée féministe dans les rues espagnoles

Près de 6 millions de personnes se sont mobilisées en Espagne, selon les syndicats, à l’occasion d’une journée du 8 mars de grève pour les droits des femmes.

Politis.fr  et  AFP  • 9 mars 2018
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Pour le 8 mars, un raz-de-marée féministe dans les rues espagnoles
© photo : Juan Carlos Lucas / NurPhoto

Des millions de personnes se sont mobilisées en Espagne jeudi pour les droits des femmes, en participant à une grève générale « féministe » sans précédent dans le pays et à d’énormes manifestations à Madrid comme à Barcelone.

Dès le matin, la radio la plus écoutée par les Espagnols, la Cadena Ser, avait perdu ses voix féminines. À la télévision, des stars des émissions matinales avaient spectaculairement déserté les plateaux. Dans les gares, 300 trajets de trains avaient été annulés pour cause de grève et, toute la journée, les métros de Madrid et Barcelone circulaient moins fréquemment.

En début de soirée, à Barcelone, quelque 200 000 personnes ont défilé aux cris de « Vive la lutte féministe », selon la police. Et au même moment, le violet – couleur traditionnelle du féminisme – dominait à Madrid les cortèges de centaines de milliers de manifestantes de tous âges, parfois accompagnées d’hommes.

Les pancartes disaient : « Mon corps ne veut pas de ton opinion », « Nos culs ne sont pas à vous » ou encore « La pornographie crée des meutes », comme en référence à un fait divers retentissant de l’an dernier : le viol collectif d’une femme par une bande de jeunes hommes qui se surnommaient eux-mêmes « la meute » et s’étaient filmés en action.

L’an dernier, 49 femmes ont été tuées par leur compagnon ou leur ex en Espagne, soit cinq de plus qu’en 2016. « Nous voulons être vivantes, pas courageuses », avait écrit sur sa pancarte Carla Maderuelo, étudiante en stylisme de 21 ans, rêvant « qu’on éduque l’humanité pour qu’il n’y ait plus de danger et non pas qu’on éduque les femmes à faire attention » quand elles rentrent le soir.

L’Espagne est cependant pionnière dans la lutte contre les violences faites aux femmes, s’étant dotée dès 2004 d’une loi spécifique, présentée comme un « modèle » par le Conseil de l’Europe. L’appel de syndicats et d’organisations féministes visait à revendiquer l’égalité femmes-hommes réelle, notamment en matière de contrats et de salaires. Les femmes sont payées en moyenne 14,2 % de moins que les hommes en Espagne – un peu mieux que la moyenne européenne (16,2 %) –, selon Eurostat.

Beaucoup se plaignaient aussi de subir l’emploi précaire ou à temps partiel. Pilar Cazorla, représentante du collectif de femmes de chambres d’hôtels « Las Kellys », dénonçait le fait que beaucoup gagnent seulement entre deux et trois euros par chambre nettoyée et soient soumises à un stress puissant.

Les deux principaux syndicats espagnols, UGT et CCOO, avaient appelé à un arrêt de travail de deux heures, observé selon eux par _« 5,9 millions de travailleurs et travailleuses » à travers le pays. Dix autres syndicats avaient appelé à une grève toute la journée, inspirée d’un mouvement similaire en Islande en 1975.

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