Grèce : Les naufragés de Samos
Dans les îles grecques, les candidats à l’asile attendent dans des conditions indignes de savoir s’ils pourront rester en Europe.
dans l’hebdo N° 1498 Acheter ce numéro

© LOUISA GOULIAMAKI/AFP
Les cris d’une femme résonnent dans tout l’hôpital. Elle pleure, hurle sa détresse. Soutenue par deux hommes, elle erre dans les couloirs… Elle vient de reconnaître les siens, tous noyés dans le plus terrible naufrage de ces deux dernières années en mer Égée, au large de l’île de Samos : dix-sept morts et trois disparus, dont plusieurs enfants. « Cela faisait longtemps que nous n’avions pas connu ça », lâche Anastasia Theodoridou, l’assistante sociale de l’hôpital. Notre rendez-vous sera écourté, elle doit s’occuper des survivants.
Cette catastrophe intervient deux ans après la signature de l’accord UE-Turquie visant à réduire l’afflux de réfugiés en Europe – Syriens, Afghans, Irakiens, Africains de l’Ouest, Somaliens, Érythréens, Pakistanais, Bangladais et Maghrébins (essentiellement Algériens). Concernant les chiffres, le but est atteint. Moins de 30 000 réfugiés par an sur les côtes grecques, contre 800 000 en 2015, au plus fort de la crise migratoire. Mais le bilan humain est un désastre : plus de 15 000 migrants attendent dans les « hotspots » des îles – centres d’enregistrement et d’identification – que leur demande d’asile soit examinée.
Une attente qui peut durer plus d’un an et demi dans des conditions parfois effroyables. Or, le seul moyen légal de quitter les îles est d’obtenir un certificat médical attestant une « vulnérabilité » : une maladie impossible à traiter sur place ou une grossesse à