1er Mai : fête du capital pour Macron !

La suppression de l’« exit tax » renforce le caractère injuste de la politique fiscale d’Emmanuel Macron.

Dominique Plihon  • 16 mai 2018 abonné·es
1er Mai : fête du capital pour Macron !
© photo : Elmar Kremser / SVEN SIMON / SVEN SIMON / DPA

Emmanuel Macron a annoncé, le 1er mai, la suppression de l’« exit tax », l’une des rares dispositions destinées à lutter contre l’exode fiscal des contribuables français. En vigueur depuis 2012, cette taxe impose les plus-values réalisées par les chefs d’entreprise qui transfèrent leurs actifs à l’étranger afin de les vendre en échappant à l’impôt. Cette décision a été annoncée dans un entretien au magazine états-unien Forbes, destiné à un lectorat fortuné. Emmanuel Macron a indiqué vouloir envoyer un « signal positif » aux investisseurs financiers et renforcer l’attractivité de la France par cette mesure. Son credo est que les détenteurs de capitaux doivent être libres de déplacer leur argent là où ils le souhaitent. Dans cet entretien, le président français vante une autre source d’attractivité de la France : la flexibilité du travail obtenue grâce ses réformes du marché du travail.

Cette suppression de l’« exit tax » est hautement symbolique, pour au moins trois raisons. Elle envoie un premier signal clair : la libre circulation des capitaux passe avant la lutte contre l’évasion fiscale, qui n’est donc pas une priorité pour Emmanuel Macron et son gouvernement. Or, l’évasion fiscale coûte entre 60 et 80 milliards d’euros à l’État chaque année et contribue à affaiblir les politiques publiques. Ce gouvernement considère comme normales les opérations dites d’optimisation fiscale agressives pratiquées par les multinationales et les particuliers, dont les « Paradise papers » ont révélé toute l’ampleur.

En deuxième lieu, la suppression de l’« exit tax » renforce le caractère profondément injuste de la politique fiscale d’Emmanuel Macron. Car elle visait depuis 2014 les contribuables riches détenant un patrimoine en actions et obligations supérieur à 800 000 euros. La fin de ce dispositif vient s’ajouter aux baisses d’impôts massives octroyées aux entreprises et aux contribuables les plus fortunés, à commencer par la réduction de l’impôt sur les sociétés, la suppression de l’ISF et l’instauration d’un prélèvement forfaitaire unique de 30 % sur les revenus du capital.

Autre symbole : la suppression de l’« exit tax » a été annoncée le 1er mai dans un numéro du journal Forbes, qui sacre Macron sur sa couverture comme « leader of the free markets », c’est-à-dire comme le champion des marchés et des politiques néolibérales. Un an après son élection, Emmanuel Macron n’a jamais aussi bien porté son surnom de « président des très riches ». Mais il y a plus. Cette volonté du chef de l’État de donner la priorité aux détenteurs du capital s’inscrit dans une stratégie de rupture et une bataille d’anéantissement des défenseurs des acquis sociaux, à commencer par les organisations syndicales. Il y a clairement une dimension thatchérienne dans la politique d’Emmanuel Macron !

Dominique Plihon Membre du conseil scientifique d’Attac

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