Les Échos de la semaine

L’œil de Politis sur l’actualité hebdomadaire, en bref.

Politis  • 6 février 2019
Partager :
Les Échos de la semaine
crédit photo : EDUARDO SOTERAS/AFP

Lyon-Turin, le choc entre Ligue et Cinq Étoiles

Quand ils ont signé leur accord à la mi-2018, ils avaient renvoyé la question à plus tard. Mais les deux composantes principales de l’actuel gouvernement italien viennent de réaffirmer leur désaccord, le Mouvement Cinq Étoiles (M5S) ayant toujours été contre, tandis que la Ligue (extrême droite) l’a toujours soutenu. Celle-ci était d’ailleurs au pouvoir avec Berlusconi lorsque les travaux ont démarré, en vertu d’une loi votée alors qui réduit à peau de chagrin les contrôles des autorités publiques. Depuis l’arrivée du M5S au pouvoir, les travaux ont été suspendus. Pourtant Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur et leader de la Ligue, vient de demander la reprise des travaux, lors d’un déplacement sur place (photo). Réplique immédiate de Luigi Di Maio, son homologue du M5S : « Tant que notre parti gouvernera, le Lyon-Turin ne se fera pas ! »

En perte de vitesse dans les sondages, Di Maio donne des gages à ses électeurs venus de la gauche, dont de nombreux écologistes et opposants au Lyon-Turin, qui apprécient évidemment peu la politique autoritaire d’un gouvernement sous l’emprise de la Ligue. Il demeure que le projet de Lyon-Turin, en dépit des coups de bec de Salvini, est sans doute menacé puisque le gouvernement a commandé une étude « coups/bénéfices ». Or celle-ci lui a été remise le 9 janvier et n’a toujours pas été rendue publique. Mais les premières fuites dans la presse laissent penser que ses conclusions seront négatives quant à l’utilité d’un projet pharaonique, aux coûts estimés autour de 26 milliards en 2012 par la Cour des comptes, qui ne fera gagner aux TGV entre Lyon et Turin… qu’une demi-heure !

Venezuela : Macron à la remorque de Trump

Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, a reconnu le 4 février sur France Inter la légitimité de Juan Guaidó, autoproclamé « président par intérim », pour organiser rapidement une élection présidentielle. Paris, avec cinq autres chancelleries de l’Union européenne, avait donné « huit jours » à Nicolás Maduro, réélu en 2018 à la tête du Venezuela dans des conditions contestées, pour s’en charger. Ultimatum rejeté. La suite, pour Le Drian, c’est un soutien au « groupe de contact » créé pour trouver une solution politique. Paris s’est surtout mis à la remorque de Donald Trump, soutien de la première heure du coup de force de Guaidó, et qui menace d’intervenir militairement. En espérant faire craquer Maduro, la France l’aura finalement conforté dans une rhétorique anti-impérialiste appelant à serrer les rangs pour défendre la patrie. Le Drian justifie l’ingérence étrangère par la nécessité de voler au secours d’un pays « exsangue », avec « de très nombreux réfugiés », fuyant « une oppression »… N’est-ce pas aussi le cas en République démocratique du Congo ? demande un auditeur de France Inter à Le Drian. Probablement pas, puisqu’il n’a évoqué ni ultimatum ni groupe de contact face à cet « arrangement à l’africaine » qui a vu, en janvier, le sortant Joseph Kabila porter Félix Tshisekedi au pouvoir à Kinshasa, au mépris des urnes.

Disparition: Josette Audin, une vie de combat

Sa longue bataille pour la vérité, pendant plus de soixante ans, avait finalement abouti le 13 septembre dernier, quand Emmanuel Macron était venu, chez elle, lui demander « pardon » et reconnaître la responsabilité de l’État dans l’enlèvement et l’assassinat de son mari, Maurice Audin, à Alger en 1957. Josette Audin, morte ce 2 février, aura consacré sa vie à faire reconnaître ce crime d’État contre le mathématicien communiste engagé aux côtés des Algériens luttant pour l’indépendance. Et à œuvrer pour la mémoire des milliers d’autres victimes de l’armée française en Algérie. C’est en septembre aussi que l’Association Maurice Audin et histoirecoloniale.net lançaient le site 1000autres.org (« Des Maurice Audin par milliers ») afin d’identifier les « disparus ». 75 noms ont déjà été ajoutés à la liste, grâce à des témoignages de familles encore hantées par l la disparition définitive d’un frère, d’un fils, d’un mari, et dont le deuil n’a jamais vraiment pu être fait.

Les bourses font des montagnes russes

La Bourse de New York a enregistré, fin 2018, son pire mois de décembre depuis 1931, en chute de 9 %. Mais elle s’est vite refaite, en signant début 2019 son meilleur mois de janvier depuis 1987 (+ 7,9 %). Des « liquidités » à ne plus savoir qu’en faire ; des prévisions qui s’assombrissent, notamment en Chine ; un décalage toujours plus grand entre la Bourse et l’économie réelle : les boursicoteurs sont nerveux, ce qui augmente la « volatilité » de leurs mouvements spéculatifs. Et si les bourses reculent fortement depuis l’été 2018, c’est la finance de l’ombre, peu ou pas régulée et donc plus risquée, qui explose (à 55 000 milliards de dollars, deux fois plus qu’en 2006).

Marseille marche contre les taudis

Ils étaient plusieurs milliers à marcher pour le logement et le droit à la ville à Marseille le 2 février. Trois mois après l’effondrement de deux immeubles dans le quartier Noailles (huit morts), 2 000 habitants ont été évacués, dont plus de 1 300 vivent toujours à l’hôtel. Un « Manifeste pour un Marseille vivant et populaire » paru dans La Marseillaise (28 janvier) clame : « Les taudis, les écoles délabrées, les équipements et services inexistants, les transports publics indignes […], les cités des quartiers Nord laissées à la dérive […] : la politique du pourrissement, nous en avons assez. »

Amazon licencie 4 salariés gilets jaunes

Le géant du commerce en ligne ne veut pas de salariés actifs dans le mouvement des gilets jaunes. Selon Le Parisien et RMC, quatre d’entre eux ont été licenciés des plateformes logistiques de Douai (Nord), Montélimar (Drôme) et Saran (Loiret), pour des messages publics sur Facebook appelant à la mobilisation. Un premier avait encouragé les gilets jaunes : « Franchement, vous gérez, les gens, ne lâchez rien ! » Deux autres avaient fixé rendez-vous ou appelé des renforts pour des blocages d’entrepôt. Des propos « en opposition totale aux valeurs de l’entreprise », estime, dans la notification du licenciement, le géant américain (dont le bénéfice net atteint 10 milliards de dollars en 2018, en augmentation de… 248 %). Le quatrième salarié a été limogé sans préavis ni indemnité pour son « attitude déloyale grave », après avoir posté un commentaire appelant au « blocage des entrepôts Amazon ». Il entend contester son licenciement devant les prud’hommes.

La photo de la semaine

EDUARDO SOTERAS/AFP

Piétons et skaters prennent possession de la voie publique, le 3 février à Addis Abeba, à l’occasion de la Journée sans voitures dans la capitale de l’Éthiopie. Pour la troisième fois, cet événement désormais mensuel a offert un peu de répit aux habitants de cette ville très polluée, au trafic automobile très dense. L’initiative est soutenue par le gouvernement d’Abiy Ahmed, en poste depuis avril 2018, et des ONG locales.

Les échos
Temps de lecture : 6 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don