Social-démocratie : L’Union européenne l’a tuée

Malgré une histoire riche, la social-démocratie semble en fin de vie, étouffée par ses renoncements face à une ambition pourtant noble : l’Europe.

Gilles Wullus  • 27 février 2019
Partager :
Social-démocratie : L’Union européenne l’a tuée
© crédit photo : SEAN GALLUP/ AFP

La famille sociale-démocrate ou socialiste n’a pas à rougir de son histoire : depuis ses pionniers du XIXe siècle, elle aura apporté nombre d’avancées démocratiques et sociales. Mais cette histoire semble arrivée à son terme. Au sortir des conflits du premier XXe siècle, d’où elle a émergé comme principale force politique opposée aux totalitarismes, elle s’est investie dans la construction d’une unité européenne, projet antidote aux nationalismes meurtriers, et ambition d’un modèle social continental. Dès le départ, elle s’est associée aux forces démocrates-chrétiennes – le couple franco-allemand, « moteur de la construction » européenne, s’est souvent incarné dans des binômes gauche-droite (Schmidt-Giscard, Mitterrand-Kohl). Pour son malheur, l’heure où le projet d’unification s’est accéléré, après la chute du mur de Berlin et la faillite du modèle soviétique, a coïncidé avec les premiers coups de boutoir du néolibéralisme gouvernemental (Reagan, Thatcher). Et les socialistes sont tombés dans le piège : ils ont accepté d’unifier le marché avant le droit social, la monnaie avant la fiscalité. Abandonnées à leur sort, les classes populaires ont été vouées à se tourner vers l’extrême droite et ses boucs émissaires faciles, ou à sombrer dans l’abstention. Même si, ici et là, quelques figures (le Portugais António Costa, l’Espagnol Pedro Sánchez, le Britannique Jeremy Corbyn) tentent une réanimation du grand malade social-démocrate, quand bien même un nouveau souffle socialiste se lève – paradoxe suprême – aux États-Unis, le patient semble en fin de vie, étouffé par ses renoncements face à une ambition pourtant noble : l’Europe.

Politique
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Avec la VIe République, les unionistes veulent maintenir ce qu’il reste de la Nupes
Gauche 29 mars 2024 abonné·es

Avec la VIe République, les unionistes veulent maintenir ce qu’il reste de la Nupes

Une petite bande de députés s’investissent sur le sujet de la démocratisation de notre régime politique. Une campagne parallèle ayant l’objectif de maintenir les canaux de communication entre partis et de poser la première pierre pour 2027.
Par Lucas Sarafian
Dans le Nord, l’écologiste Marie Toussaint tente de lier fin du monde et fin du mois
Politique 21 mars 2024 abonné·es

Dans le Nord, l’écologiste Marie Toussaint tente de lier fin du monde et fin du mois

La tête de liste des Écologistes pour les européennes est venue assister au procès en appel des victimes de la pollution de la fonderie de Metaleurop et a rencontré un agriculteur de la région. Marie Toussaint tente tant bien que mal d’imposer ses thèmes.
Par Lucas Sarafian
Coupes budgétaires : pourquoi Emmanuel Macron attise la colère sociale avant les européennes
Budget 19 mars 2024

Coupes budgétaires : pourquoi Emmanuel Macron attise la colère sociale avant les européennes

La volonté du président et de Bercy de réduire la dépense publique fait craindre à l’exécutif un regain de mobilisation sociale, dans la foulée de la grève de la fonction publique du 19 mars.
Par Nils Wilcke
À Villepinte, l’insoumise Manon Aubry veut « déjouer le duel entre les macronistes et l’extrême droite »
Reportage 17 mars 2024

À Villepinte, l’insoumise Manon Aubry veut « déjouer le duel entre les macronistes et l’extrême droite »

Pour le lancement de leur campagne européenne, les troupes insoumises construisent un pont entre l’échéance de 2024 et la présidentielle. Jean-Luc Mélenchon, avant-dernier de cette liste, continue d’être ambigu sur ses ambitions.
Par Lucas Sarafian