« Douze Mille », de Nadège Trébal : Les formes du désir

Dans Douze Mille, Nadège Trébal montre avec originalité un couple amoureux.

Christophe Kantcheff  • 14 janvier 2020 abonné·es
« Douze Mille », de Nadège Trébal : Les formes du désir
© Shellac

Maroussia et Franck forment un couple amoureux. Dès les premières minutes, au gré d’une scène très explicite bien que rien, ou presque, ne soit montré, le spectateur est affranchi sur la force de l’attirance sexuelle qui les unit. Par ailleurs, ayant été chassé de la casse de voitures où il se livrait à de petits trafics rémunérateurs, Franck se retrouve sans ressources. Ne voulant pas vivre aux crochets de Maroussia, il va partir de chez eux dans le but de rapporter 12 000 euros (d’où le titre du film, Douze Mille), objectif fixé entre eux.

Nadège Trébal, qui interprète le rôle de Maroussia, et dont c’est ici le premier long métrage de fiction, revisite à nouveaux frais la question du désir comme moteur, que ce désir relève du sexe ou de l’argent. À nouveaux frais, car Douze Mille ne suit pas de chemins préconçus, tant narratifs que formels. Le film s’écarte rapidement d’une trajectoire naturaliste, intégrant des éléments de comédie que cristallise le personnage de Franck (Arieh Worthalter) dans ses pérégrinations pour gagner de l’argent, qui ne passent jamais par un travail officiel ou légal. Si Franck est amateur de combines, il instaure avec les autres femmes qui pourraient lui plaire un rapport de sublimation (restant ainsi fidèle à Maroussia), qui déporte le désir vers autre chose. C’est notamment ce qui se passe avec Romane (Liv Henneguier), celle-ci entraînant avec elle une cohorte d’amazones, voleuses et danseuses.

Si Jean-Claude Gallotta est au générique, c’est en effet parce qu’un certain nombre de chorégraphies parsèment le film, qui, là encore, atteste de son originalité formelle. Tout cela est à mettre au crédit de Douze Mille dont, pour autant, les intentions sont parfois trop visibles. Reste un film très prometteur.

Douze Mille, Nadège Trébal, 1 h 51.

Cinéma
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