Le XVIIIème siècle de Stanley Kubrick

Notre Voyage autour de nos chambres #22 vous incite à regarder Arte ce soir, qui consacre une soirée au réalisateur de Barry Lyndon.

Christophe Kantcheff  • 12 avril 2020
Partager :
Le XVIIIème siècle de Stanley Kubrick
© Warner Bros

Il ne fut pas un réalisateur prolifique, mais la quantité ne fait rien à l’affaire : quatorze films en tout et pour tout. Aucun n’est anodin, tous sont sidérants de souffle et d’exigence. Bonne nouvelle : Stanley Kubrick est à l’honneur ce soir sur Arte.

Sur le genre humain

Au programme : un documentaire lui est consacré, que l’on doit à Gregory Monro. Il a pour base les entretiens du cinéaste effectués par le critique Michel Ciment – une rareté tant Kubrick répugnait à parler de ses films, parce que les mots risquaient de figer les significations et pour éviter que la focalisation sur l’auteur ne détourne des œuvres.

© Politis

Le titre du documentaire, déjà disponible sur arte.tv, dit son ambition : Kubrick par Kubrick. On est ici moins dans la pédagogie que dans une tentative de restituer l’esprit du cinéaste, avec pour lieu séminal une pièce close, réunissant des objets emblématiques, photos et documents correspondant à chaque film, et les affiches sur les murs. Le fil conducteur n’est ni chronologique ni thématique, mais celui des obsessions du cinéaste, aussi bien en ce qui concerne la confection de ses films que sa réflexion sur le genre humain. _« Si vous supposez que l’homme est fondamentalement bon, vous allez être déçu », dit-il, ce qui ne peut surprendre ses spectateurs.

Beauté époustouflante

Notamment ceux de Barry Lyndon, qui constitue le premier morceau de choix de cette soirée Stanley Kubrick. On a souligné avec raison la beauté époustouflante de ce XVIIIème siècle reconstitué à partir de la multitude de tableaux de cette époque dont le cinéaste a collectionné les représentations. Beauté rehaussée par la Sarabande, de Haendel ou le Trio en mi bémol majeur et les Cinq danses allemandes, de Schubert, que l’on peut entendre (pour les deux premiers) par l’orchestre philharmonique de Radio France dans le concert également diffusé ce soir (disponible sur arte.fr). La prouesse technique a aussi été louée, notamment l’éclairage naturel à la bougie rendu possible grâce à l’utilisation d’une pellicule mise au point par la Nasa.

Ce que Kubrick montre du personnage de Redmond Barry, alias Barry Lyndon, interprété par Ryan O’Neal, est tout aussi passionnant. Ambitieux, intéressé, perfide avec sa femme (Marisa Berenson), ce héros particulier n’est pourtant pas présenté d’une seule pièce – voir, en particulier, l’amour qu’il porte à son fils. Le cinéaste pose ici brillamment la question de l’identification avec un personnage, perçu avec d’autant plus de distance que l’histoire est commentée par un narrateur en voix off. Et vous, que pensez-vous de Redmond Barry ?

Lire aussi : Jazz à New York

Pour lire tous les articles de la série : #AutourDeNosChambres

Cinéma
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don