Voir et revoir Nanni Moretti

Notre Voyage autour de nos chambres #19 vous propose de (re)voir trois films de Nanni Moretti : Sogni d’oro (1981), Habemus Papam (2011) et Bianca (1986), disponibles gratuitement sur le site d’Arte. De quoi mesurer la grandeur du cinéaste italien !

Jean-Claude Renard  • 9 avril 2020
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Voir et revoir Nanni Moretti
© PHOTO : SOGNI D'ORO (DR)

Dans Sogni d’oro (1981), s’exclamant « je suis le cinéma, je suis le plus grand ! », il incarne un réalisateur, bilieux dans ses rapports humains, entreprenant un film sur la môman de Freud, en butte à la création, à la réception critique de son œuvre et à un autre cinéaste.

Dans Bianca (1986), Nanni Moretti joue le rôle d’un professeur de mathématiques, célibataire, observateur et voyeur, se répandant en conseiller conjugal (que personne n’écoute), en quête de la femme idéale…

Une comédie de la vie

Dans Habemus Papam (2011), époustouflante fable existentielle (quand on s’attendait à une satire de l’Église), véritable comédie de la vie et de la fonction, il joue le rôle d’un psychanalyste au chevet d’un pape fraîchement élu, indécis, perclus de doutes (interprété de façon grandiose par Michel Piccoli). Un film porté par le décor du Vatican, formellement très proche de Palombella Rossa (1989), entre souvenir, langage, engagement politique et bas-côtés de l’existence, tandis que les ballets aquatiques de cardinaux dans un tournoi de volley-ball hilarant remplacent les joutes aquatiques du water-polo.

Comique atrabilaire

Ce sont là trois films de l’acteur et cinéaste italien que la chaîne Arte met en ligne gratuitement sur son site. Si le dernier a été diffusé récemment, ce lundi 6 avril sur la chaîne, les deux autres sont beaucoup plus rares. Et pas moins intéressants.

Après Je suis un autarcique (1976) et Ecce Bombo (1978), Sogni d’oro est le troisième long métrage de Nanni Moretti. On est encore dans la période d’apprentissage du jeune Romain, inscrit dans la contestation politique et sociale de son temps, résolument à gauche, trempé d’incertitudes sur le militantisme, ironique et volontiers autarcique. On y retrouve aussi un élément narratif récurrent dans son cinéma : le film dans le film. C’est, pour le cinéaste, taraudé par la création et sa forme, une manière de mettre en scène un double, de s’impliquer davantage dans son sujet, puisant la matière de ses récits dans ses résonances intérieures, avant de prendre ses distances, parce qu’il faut bien que le film se fasse !

Intime et collectif

Mais si ses premiers métrages ont l’air narcissique, tout l’art de Nanni Moretti est de concilier l’individu et le collectif, d’être personnel et tellement italien, tellement italien et tellement universel. De quoi apprécier ainsi combien, très vite, la mécanique Moretti se met en branle, marquant alors le renouveau du cinéma transalpin. Bianca imposera définitivement le personnage dans le décor.

À voir sur arte.tv :

Habemus Papam, jusqu’au 19 avril

Sogni d’oro, jusqu’au 30 septembre

Bianca, jusqu’au 30 septembre


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Pour lire tous les articles de la série : #AutourDeNosChambres

Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes
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