Sahara occidental occupé : Dix ans de répression marocaine

En novembre 2010, l’immense campement de tentes traditionnelles sahraouies contre l’occupation marocaine était démantelé avec une grande violence.

Politis  • 4 novembre 2020
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Sahara occidental occupé : Dix ans de répression marocaine
Manifestation pour l'autodétermination du Sahara occidental, en 2018 à Madrid. Crédit : Oscar Gonzalez / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Il y a dix ans, en novembre 2010, l’immense campement de tentes traditionnelles sahraouies contre l’occupation marocaine, à Gdeim Izik, près de Laâyoune, capitale du Sahara occidental, était démantelé avec une grande violence par les forces de sécurité marocaines. Ce qui fit dire à juste titre au linguiste états-unien Noam Chomsky que le « printemps arabe » avait sans doute « débuté à l’automne 2010 au Sahara occidental », quelques mois avant la chute du dictateur Ben Ali (janvier 2011) et la grande vague populaire contre les autocrates égyptien, libyen, syrien, yéménite ou bahreïni… Les nombreux militants sahraouis arrêtés furent condamnés à de très lourdes peines de prison, fondées sur des « aveux » dont le Comité contre la torture des Nations unies a établi qu’ils furent extorqués à la suite de traitements inhumains. Naâma Asfari (trente ans de réclusion) a même été accusé du meurtre de policiers durant l’assaut… alors qu’il avait été interpellé quelques jours plus tôt.

Le roi du Maroc, Mohammed VI, doit prononcer son discours du trône annuel le 6 novembre, date anniversaire de la « Marche verte », opération médiatique (et militaire) par laquelle son père, Hassan II, s’empara du Sahara occidental après le départ de l’Espagne coloniale. Et après des affrontements avec le Front Polisario, émanation du peuple sahraoui, laïque et socialiste qui, depuis, conduit la résistance contre l’occupation à partir de ses camps de réfugiés implantés côté algérien. Coïncidence, sans doute volontaire pour une justice aux ordres, la Cour de cassation de Rabat devait rendre, le 4 novembre, son arrêt sur les pourvois formés par ces prisonniers politiques – détenus depuis déjà dix ans. Sans grand espoir pour eux. Or la France et l’Union européenne seraient bien inspirées aujourd’hui de mieux considérer le Polisario, qui, après des décennies de lutte, continue tant bien que mal à encadrer une population sahraouie jeune et impatiente, alors que, partout dans la région, les organisations jihadistes progressent dans les cœurs et les esprits…

Les échos
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