Les aides à la presse vont aux titres les plus riches

Le ministère de la Culture entretenait le flou sur la répartition par titre.

Politis  • 26 mai 2021
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Les aides à la presse vont aux titres les plus riches
© MARTIN BUREAU / AFP

Après quatre années d’opacité, le brouillard commence à se dissiper autour des aides publiques à la presse. Si leur montant annuel est connu (225 millions en 2019), le ministère de la Culture entretient le flou depuis 2017 en refusant de dévoiler la répartition par titre. On comprend mieux pourquoi depuis que La Lettre A a jeté un pavé dans la mare en dévoilant ces chiffres pour l’année 2019.

En excluant les aides spécifiques à l’Agence France-Presse (124,5 millions d’euros) et les exonérations de charges sociales, on apprend ainsi que les 87 millions d’euros d’aides directes ont été alloués pour moitié (49 millions) à dix groupes de presse. En tête, Le Parisien/Aujourd’hui en France obtient la somme de 13,6 millions d’euros, suivi par la Société du Figaro (6,5 millions d’euros), la Société éditrice du Monde (5,6 millions) et Les Échos (1,6 million). En 2019, Bernard Arnault et son groupe LVMH (Le Parisien, Les Échos, Investir…) empoche ainsi la somme de 16,8 millions d’euros. D’autres grands propriétaires sont concernés, comme Xavier Niel pour Le Monde ou Patrick Drahi avec Libération (3 millions de subventions provenant d’un fond pour les journaux à faibles ressources publicitaires, cumulées avec d’autres aides). Voulues pour promouvoir le pluralisme de la presse, les aides publiques finissent concentrées autour de quelques titres.

La presse bénéficie de nombreuses mesures d’aides indirectes, s’appliquant à tous les titres : TVA à taux réduit, exonération de cotisations foncières, déduction spéciale sur l’impôt sur les sociétés, tarifs postaux préférentiels, abattement sur les cotisations sociales des journalistes, etc. Tout comme les aides exceptionnelles accordées au secteur en raison de la pandémie. Les aides directes, si leur objectif est de favoriser le pluralisme, devraient d’abord venir à la rescousse des plus fragiles. Or ces chiffres révèlent qu’elles servent surtout à une poignée de propriétaires pour réduire leurs pertes aux frais de l’État.

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