«Une opposition nouvelle»

Michel Soudais  • 4 juin 2007
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A Trappes (Yvelines), samedi, Ségolène Royal a laissé filtrer une information importante. L’ex-candidate à la présidentielle, qui pourrait éventuellement prendre la direction du PS («je n’exclus rien et je ne m’interdis rien» , répond-elle quand l’hypothèse est évoquée), a en effet livré «sa» conception de l’attitude que devrait adopter sa formation politique dans les années à venir, face à Nicolas Sarkozy.

Venue soutenir Safia Otokoré, élue municipale à Auxerre (Yonne) où elle est en conflit avec le maire, Ségolène Royal a profité de sa visite pour se prononcer en faveur d’une «opposition constructive» . Jusqu’ici rien de bien original: on n’a jamais vu un dirigeant politique se déclarer en faveur d’une opposition destructive. Mais les précisions apportées par la présidente de la région Poitou-Charentes éclairent la vision du combat politique qu’elle compte imposer au PS dans les mois qui viennent:

«La théorie de l’opposition frontale, je n’y crois plus du tout, les Français ne veulent plus entendre « on abroge tout »» , a-t-elle déclaré, prenant le contrepied de la position défendue par Laurent Fabius [^2]. «Si on brandit trop l’opposition frontale sur tous les sujets , a-t-elle poursuivi, on n’est plus crédible. Je l’avais déjà dit pendant la primaire, et qu’est-ce que j’ai pas entendu!»

François Bayrou a dû apprécier. A peu de chose près, le président de l’UDF-MoDem ne dit pas autre chose. En tout cas, le propos de Ségolène Royal éclaire singulièrement l’appel qu’elle avait lancé, en début de semaine, au Zénith de Paris, quand elle avait demander aux électeurs de «voter pour une opposition nouvelle» . Cela vous dit, vous, de voter pour une opposition? Evidemment non. Mais si cette opposition ne doit pas en être vraiment une, peut-être que ça change tout!

[^2]: Pendant la campagne présidentielle, l’ancien Premier ministre avait estimé qu’il faut s’opposer frontalement à Nicolas Sarkozy et à François Bayrou, car «si l’opposition n’est pas assez claire, assez frontale, la différence gauche-droite se brouille» .

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