Pas de référendum au Portugal

Michel Soudais  • 9 janvier 2008
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Comme on pouvait s’y attendre après les pressions de la présidence Slovène, le Premier ministre portugais José Socrates (socialiste) a confirmé aujourd’hui qu’il soumettrait le Traité de Lisbonne au Parlement pour ratification. Si l’annonce formelle de cette décision a été faite dans l’après-midi à l’Assemblée de la République, à l’occasion d’un débat consacré au Traité de Lisbonne, la décision d’opter pour la voie parlementaire avait été entérinée, dans la nuit de mardi à mercredi, à une large majorité par un vote de la commission politique du parti socialiste.

Le PS portugais , qui a déjà fait voter le relèvement progressif de l’âge de la retraite à 66 ans et augmenté la TVA de 19 % à 21 % [^2], renonce ainsi à une promesse de campagne. Lors des élections législatives de 2005, il s’était engagé à organiser un référendum. « Le PS avait un engagement par rapport au traité constitutionnel. Maintenant, il s’agit du Traité de Lisbonne, qui n’existait pas à l’époque (…). Les circonstances ont complètement changé. C’est un traité différent » , a tenté de justifier M. Socrates, à l’issue de la réunion de son parti.

Devant le Parlement, pris à partie par des députés d’opposition, il a dû nier « toute pression de qui que ce soit » . Et pour cela critiquer son successeur à la présidence de l’UE, le Slovène Janez Jansa, qui avait mis en garde le Portugal contre la tenue d’un référendum : « Ce sont des déclarations malheureuses, car le Portugal n’a pas besoin de conseils sur ce qu’il doit ou ne doit pas faire sur le projet européen. Le Portugal n’a jamais fait de commentaire sur les méthodes de ratification, pendant la présidence portugaise (de l’UE), laissant chaque pays libre. »

Recourir au référendum serait «irresponsable»

C’est donc, selon José Socrates, un gouvernement « complètement libre d’opter pour une solution plutôt que pour une autre » qui a opté pour la ratification parlementaire. Non sans mettre en avant les mêmes arguments que le Slovène Janez Jansa : ### « Je ne veux pas avec une décision au Portugal mettre en échec la décision d’autres gouvernements qui ont choisi la ratification parlementaire », a souligné José Socrates. « Il serait très facile pour le gouvernement » d’organiser un référendum à la victoire « facile » , a-t-il estimé. « Mais ce serait très irresponsable (…). Le Portugal ne va pas donner des arguments à ceux qui souhaitent contester la ratification parlementaire dans d’autres pays » , a-t-il ajouté. Avant de rappeler que « tous les pays, à l’exception de l’Irlande qui a lune obligation constitutionnelle, vont faire la ratification en s’appuyant sur leur Parlement » .

La clause secrète de Lisbonne ne connaît pas de dérogation.

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[^2]: Des mesures qui avaient suscité l’admiration ironique de Nicolas Sarkozy lors d’une rencontre avec José Socrates à Lisbonne, en avril 2007 : « Heureusement que les socialistes français ne sont pas comme lui, sinon j’aurais du mal à me positionner ! »

Temps de lecture : 3 minutes
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