Le bonneteau de Nicolas Sarkozy

Michel Soudais  • 25 avril 2008
Partager :

Nicolas Sarkozy s’est livré, jeudi soir, lors de son intervention télévisée à un nouveau tour de bonneteau pour appâter les électeurs-gogos. Le chantre du «travailler plus pour gagner plus» leur a promis cette fois de relancer les négociations salariales. Avec la sincérité des meilleurs dramaturges (on comprend mieux pourquoi il fréquente les premières de la Comédie française avec Carla), l’ami des patrons du CAC-40 a pris son air grave pour rappeler que «depuis les 35 heures, il n’y a plus de négociations salariales dans notre pays» Avant de s’indigner: «Quand on voit des entreprises qui font des milliards d’euros de profit et où le mot négociations salariales est banni, ce n’est pas acceptable. Nous allons conditionner les allègements de charges à la discussion salariale.» À cet instant, des millions d’employés dont la fin de mois arrive de plus en plus tôt ont eu une lueur d’espoir. Pauvres crédules.

Dès vendredi matin, certains, auditeurs de RMC et téléspectateurs de BFM-TV, ont déchanté à l’écoute de Laurent Wauquiez. Certes, le sémillant secrétaire d’Etat à l’Emploi, convié à faire l’exégèse de la parole présidentielle, a confirmé qu’un projet de loi était en préparation pour conditionner les allègements de cotisations patronales consentis par l’Etat à des négociations salariales: «L’Etat met aujourd’hui sur la table 20 milliards d’euros en allègements de charges (…). Le président a dit « Je veux bien garder ces allègements car c’est bon pour l’emploi, mais à la condition que vous négociez »

Mais interrogé pour savoir s’il s’agissait de l’obligation d’ouvrir des
négociations ou s’il s’agissait d’une obligation d’augmenter les salaires, M. Wauquiez a confirmé qu’il s’agissait de l’ouverture de négociations. Pas plus! Surtout pas, même. Car «il faut faire attention, a expliqué le sous-ministre, si on met une pression totale, toutes entreprises confondues, sur l’augmentation des salaires, le risque est que toutes les entreprises partent à l »étranger» . En clair, les employeurs seront tenus d’ouvrir des négociations sur les salaires, mais pas d’augmenter ceux-ci. Bien qu’habile, l’escroquerie est totale.

Elle l’est d’autant plus que l’obligation de négocier chaque année les salaires est déjà inscrite dans le code du travail, du moins pour les entreprises où existent des syndicats. Cette négociation annuelle obligatoire implique une obligation de moyens, et non de résultats, et elle peut se conclure sur un constat de désaccord, et des mesures unilatérales de l’employeur. Car dans le code, l’employeur est libre de fixer les salaires de son personnel, mais dans le respect de certaines règles.

Jeudi soir, Nicolas Sarkozy n’a donc vendu que du vent. Et une bise même pas nouvelle avec ça.

Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don