Chanter contre Sarkozy

Michel Soudais  • 6 juin 2008
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Une chorale des Mille colombes s’est créée à Marseille, où elle se produit pour la première fois demain 6 juin. J’en connais qui se demande déjà si je ne suis pas tombé sur la tête. De quoi il nous parle le journaliste politique de Politis ? Qu’est-ce ce que c’est que ce truc? Laissez-moi donc vous expliquer le subversif de la chose.

Cette chorale née à l’initiative de l’humoriste Christophe Alévêque, expliquent ses organisateurs, est «un mouvement de résistance ludique né le 6 mai 2007 à 23h17mn, à Paris, suite à l’apparition de l’icône des japonais, Mireille Mathieu, sur scène, pendant le raout « musical » de la droite décomplexée, place de la Concorde» . La date vous dit quelque chose? Rappelez-vous… l’élection de Sarkozy: «Après la vision attendue de Zébulon 1er à 20 heures sur nos écrans, nous allions être les témoins et les victimes de : n’importe quoi. C’est-à-dire la synthèse de l’année qui vient de s’écouler , raconte Christophe Alevêque sur le blog de la chorale.

* Dans l’ordre : Zébulon 1er qui apparaît sur les écrans de télé à 20h00, une bouffe au Fouquet’s, l’interview de Johnny (qui venait d’arroser copieusement sa baisse d’impôt) squattant la totalité des télés, le Rallye Paris Dakar dans le jardin des Tuileries, le discours de gourou du néo président nous promettant qu’avec lui; les aveugles allaient voir et les paralysés allaient marcher, et puis…

Et puis, Gilbert Montagné qui n’est pourtant pas sourd, Jane Manson qui voulait faire l’amour, Enrico Macias chantant « Ah ce qu’elles sont jolies les filles de Sarkozy! » Et puis…

Et puis surgissant de nulle part, extra-muros d’Avignon, couverte de toiles d’araignée : MIMI ET SES MILLE COLOMBES !»*

Pour ceux qui ont la mémoire courte, revoici la séquence historique. Attention les zoreilles !

«Vous chantez faux, alors votre présence est indispensable.» C’est pour commémorer ce moment inouï que quinze jours plus tard, une petite bande de loosers organisait la première chorale des « Mille colombes » devant le Fouquet’s, en l’honneur de Zébulon, sauveur de la nation. Avec comme chant fétiche, le nouvel hymne de la droite moderne : les »Mille colombes ».

La petite bande a, depuis fait des émules dans plusieurs villes. Avec le même esprit ludique. «Vous chantez faux, alors votre présence est indispensable» , lit-on dans le mail d’invitation que m’a envoyé Dany Bruet, que j’ai croisé dans la campagne de José Bové.

Facétieux, les organisateurs vous donnent rendez-vous devant le restaurant le Fouquet, 18 rue Beauvau dans le 1er arrondissement de Marseille (entre le Vieux Port et l’Opéra, ça ne s’invente pas), pour ce concert qui n’est que la première d’une série de répétitions trimestrielles avant «le grand récital» du 6 mai 2009, programmé devant Le Fouquet’s original des Champs-Elysées et dans d’autres villes de France.

Ils avertissent les chanteurs en herbe que la «répétition se déroulera en présence de nombreux médias» et conseillent à «celles et ceux qui souhaitent garder l’anonymat (…) de porter des lunettes noires Rayban » . C’est tendance! Et promettent de tout tenter pour «ne pas trop démolir « Mille colombes » de Mireille Mathieu et « Les filles de Sarkozy » d’Enrico Macias» . Les paroles sont disponibles sur le site de la chorale marseillaise.

Enfin, ultime sens du détail et de la mise en scène, ils invitent ceux qui le souhaitent à apporter une colombe de leur confection fixée à un petit bâton (la colombe à découper est téléchargeable ici). Sympa, non?

En tout cas les organisateurs ont prévu de poursuivre la soirée, après la répétition, autour d’un verre (de pastis?) au Point de Bascule, un lieu alternatif de Marseille. Alors, laissez vous aller à chanter vous aussi. La dérision est une arme qui en vaut d’autres.

Temps de lecture : 3 minutes
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