Destructions et répressions au sud de la Russie pour les Jeux Olympiques d’hiver

Sans inquiéter les responsables du CIO qui en ont vu d'autres en Chine, le gouvernement russe prépare ses Jeux Olympiques d'hiver en saccageant le littoral de la mer Noire et en réprimant ceux qui ne sont pas d'accord.
Claude-Marie Vadrot  • 26 avril 2009
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Toujours plus de destructions et de violations des droits élémentaires en Russie, notamment sur le littoral de la mer Noire où les autorités, pour préparer les jeux Olympiques d’Hiver de 2014 qui se dérouleront dans les montagnes du Caucase, ont commencé à bétonner le littoral et à exproprier les Russes. Ceux qui se croyaient à l’abri de l’arbitraire et surtout du besoin avec leurs potagers et leurs vergers leur permettant de faire face à l’inflation et à l’augmentation des prix. A la place des maisons, grâce à une loi du mois de janvier dernier, vont être mis en place les hôtels et les « espaces de loisir » destinés à accueillir les athlètes et les visiteurs étrangers. Il faut faire place nette et, en général, les propriétaires des petites maisons familiales disposent d’un ou deux mois pour évacuer les lieux. S’ils le souhaitent et s’ils versent de somptueux pots de vin aux fonctionnaires, ils auront peut-être (peut-être…) le droit de s’installer dans de nouveaux immeubles collectifs prévus dans l’arrière pays, loin de la mer près de laquelle ils vivaient, voire, s’ils y mettent le prix (achat et corruption) une maison individuelle préfabriquée. En attendant, comme ces logements n’existent encore qu’à l’état de projet, ils doivent se débrouiller pour se loger chez des amis.
Le littoral de la mer Noire et la zone infra-littorale propice à la pêche, autre source de revenus, vont être progressivement saccagés. Les promoteurs fous évoquent même une île de luxe artificielle. Pour faire plaisir au Comité International Olympique (CIO) qui s’est récemment félicité du budget provisoire de plus de 10 milliards d’euros destiné à transformer la région. Les rares associations de propriétaires et d’écologistes sont priés de se taire et subissent pressions, intimidations et arrestations quand ils protestent contre les premières destructions et l’extraordinaire spéculation immobilière organisée par des proches du pouvoir et quelques maffias moscovites mal identifiées. Evidemment les expulsés trop « bronzée », c’est à dire caucasiens, sont les plus mal servis.
Si l’Abkhazie voisine, province de Géorgie, a été instamment priée de proclamer une indépendance seulement reconnue par la Russie et le Nicaragua, c’est qu’elle doit aussi être équipée massivement pour l’accueil des skieurs et des nombreux visiteurs espérés par le Fédération de Russie. En outre le nouvel « Etat », en fait annexé par les Russes, devra abriter plusieurs années des dizaines de milliers de travailleurs chinois aux salaires et aux conditions de logement misérables. Il faut donc que l’ordre, que l’on peut qualifier de « soviétique », y règne. D’où, dans toutes les républiques autonomes voisines des compétitions, la mise en place d’une répression quotidienne contre les minorités musulmanes. Au nom de la « sécurité » promise par la Fédération de Russie aux autorités olympiques. Ce qui explique que l’Abkhazie, l’Ossétie du sud et d’autres se transforment rapidement en énormes bases militaires concentrant les forces armées russes et ses unités spéciales. Celles qui se sont illustrées en Tchétchénie. Le Kremlin a encore cinq ans pour imposer sa paix.
Comme en Chine, les Jeux Olympiques d’hiver se dérouleront sous haute protection militaire et policière. En parfaite contradiction avec les « idéaux » olympiques ressassés par les responsables du CIO. Lesquels n’ont formulé aucune exigence particulière sur les conditions démocratiques dans lesquels sont censés se dérouler les Jeux.

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