Le printemps des écologistes: la candidature de Nicolas Hulot

Claude-Marie Vadrot  • 8 avril 2011
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La candidature de Nicolas Hulot peut être une chance, non pas pour les écologistes, mais, ce qui est beaucoup plus important, pour l’écologie. Quels que soient les reproches qu’il est possible de lui faire sur le passé, son présent, le lien qu’il fait entre le social et l’écologie ainsi que sa claire prise de position sur le nucléaire plaident en sa faveur. Je n’en suis que plus à l’aise pour dire cela que j’ai écrit ici, et dans Libération en 2007, à quel point je ne le croyais ni taillé ni armé pour mener une campagne politique abordant aussi les questions sociales et économiques. Il est toujours possible d’apprendre, ses récentes évolutions, notamment à travers son film, Le syndrome du Titanic , le prouvent amplement. Il a changé et a ajouté des analyses aux constatations qu’il filme et raconte depuis des années. Après avoir été le « journaliste » de la beauté et de la destruction de la planète, il en est désormais le commentateur averti.

   Je fais partie de ceux qui auraient préféré, évidemment, que Cécile 
Duflot soit la porte parole de l’écologie dans cette campagne de 2012 
car sa vie familiale, sa vie personnelle, son insertion dans la réalité 
sociale et la réalité de la vie des salariés, plaidaient en faveur de 
cette solution. Mais elle ne le veut pas, épuisée d’avoir à se partager 
entre sa vie personnelle, ses quatre enfants dont le dernier n’a que 
deux ans et la vie politique. On peut à la fois le comprendre et le 
regretter, d’autant plus qu’elle incarne une nouvelle génération 
d’écolos, celle qui doit prendre la relève pour une écologie plus 
populaire.

La candidature de Nicolas Hulot offre au moins deux avantages.

D’abord elle met en avant un homme qui n’a pas besoin d’expliquer qui il est, ni de se faire connaître ni de convaincre qu’il maîtrise parfaitement les dossiers qu’il devra évoquer. Qu’il s’agisse de l’affaiblissement de la biodiversité, de la nécessité d’une autre croissance, de l’épuisement des ressources, des pollutions et des destructions entraînées par une mondialisation sauvage. Même si cette dernière expression n’est qu’un triste pléonasme. Bien sur, il devra les relier aux questions sociales, mais il est permis de penser que son entourage saura lui rappeler et l’aider pour rendre crédible aux yeux du plus grand nombre le combat qu’il incarne. On pourra lui jeter à la figure sa collaboration avec TF1 et bien d’autres compagnonnages délicats. Mais, que ceux qui n’ont jamais pêché lui jettent la première pierre…

Ensuite, la candidature de Nicolas Hulot aura ou aurait, rien n’est encore joué chez les écolos, l’immense avantage de remettre en cause celle d’Eva Joly conçue par des professionnels de la communication et lancée l’été dernier comme une de ces savonnettes vantées par TF1 et reprochées à Hulot. Eva Joly possède toutes les qualités possibles et imaginables sauf d’être crédible, convaincante et intelligible quand elle parle d’écologie et des maux de la planète. Son succès comme magistrat pourfendant les escrocs et les artistes du CAC 40, ne vaut pas brevet d’écologiste et son intégrité ne peut pas combler cette grave lacune. Elle n’a rien à voir avec l’écologie, elle n’est que l’idée, qu’ils croient géniale, que se font des apprentis sorciers de la com’ pensant que pour gagner et convaincre il faut simplement surprendre.

Et puis, soyons honnête jusqu’au bout : il ne s’agit pas (pas encore) pour les écologistes d’accéder à la présidence de la République. Mais, plus simplement et plus efficacement, d’entraîner l’adhésion à un autre développement, à un autre monde (possible), d’une partie plus importante de la population.

Au moment où nous déplorons la disparition du journaliste Jean Carlier qui fut l’un des pionniers de l’écologie politique au début des années 70 après avoir, lui aussi, vécu une véritable mue idéologique, la perspective de la candidature de Nicolas Hulot prouve que l’on peut changer et cesser d’être un chroniqueur d’un monde ancien pour convaincre l’opinion publique qu’il faut désormais le changer.

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