Sarkozy, un genou à terre

Les résultats du premier tour enregistrent une double défaite de Nicolas Sarkozy. Le président sortant, qui avait éliminé toute concurrence dans son camp enregistre un faible score. Il est en outre parvenu en cinq ans de mandat à ressusciter le Front national.

Michel Soudais  • 22 avril 2012
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Illustration - Sarkozy, un genou à terre


François Hollande devance Nicolas Sarkozy à l’issue du premier tour de 2 à 3 points selon les estimations fournies bien avant 20h par plusieurs instituts de sondages, sur la base des premiers dépouillements et diffusés autour de 19h par l’AFP. Le candidat du PS obtient entre 28,4% et 29,3%. C’est la première fois qu’un président sortant, qui obtient entre 25,5% à 27%, ne sort pas en tête d’un scrutin.
Le second tour opposera donc un candidat bleu à un candidat bleu , le président sortant comme le candidat des socialistes ayant optés pour cette couleur durant leur campagne. Mais faute de vraies réserves de voix, Nicolas Sarkozy aborde le second tour dans une position très difficile. Le total des voix de gauche (entre 42 et 44 %) est nettement plus important qu’en 2007. Sauf retournement imprévu, il devrait être battu le 6 mai.
Dimanche après-midi sur Twitter, @boklm tweetait la photo d’un camion de déménagement devant l’Elysée, avec ce commentaire :

Ah, visiblement les premiers résultats du vote viennent d’arriver à l’elysée a5.sphotos.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-ash…

? boklm (@boklm) Avril 22, 2012

Tweeté le 22 avril à 14h29 par @boklm

La plus grave défaite de Nicolas Sarkozy, celle qui signe son déshonneur , est d’être parvenu en cinq ans de mandat à ressusciter le Front national, troisième avec un score entre . A force de débats sur l’identité nationale, de chasse aux sans-papiers et aux Roms, à force de stigmatisation des chômeurs et des fraudeurs (uniquement) sociaux, l’UMP, son patron et ses conseillers, Patrick Buisson en tête, ont légitimé Marine Le Pen. Qui a également bénéficié de la part de la plupart des médias d’une complaisance que n’avait pas connu son père.

Place Stalingrad, à la soirée électorale du Front de gauche où je me trouve, ce score de l’extrême droite a été accueilli par des huées et le slogan «Résistance! Résistance!». Le pari de Jean-Luc Mélenchon et de ses partisans de doubler la candidate de la haine est raté. Et la déception est palpable, même si avec un score de 10,8 à 11,7%, le candidat du Front de gauche réussi à décrocher le score à deux chiffres qu’il visait en début de campagne.

Le scrutin a été marqué par une participation soutenue (80 à 81 %). Inférieure à ce qu’elle avait été en 2007 (85,33 %), la participation a été nettement supérieure à ce qu’elle avait été le 21 avril 2002 (73 %) quand la gauche avait été éliminée du deuxième tour. Il faut remonter aux premiers tours des élections présidentielles de 1981 (81,1 %) et 1988 (81,4 %), scrutins qui s’étaient conclus par l’élection et la réélection de François Mitterrand, pour retrouver une participation sensiblement équivalente.

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