Devinette littéraire …

… et africaine.

Bernard Langlois  • 16 juin 2012
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[D’un mien ami : « Il y a longtemps que tu ne nous a pas fait une ‘tite devinette ? » D’accord. Voici. D’où sort le texte ci-dessous et quel en est l’auteur ? (Vas-y mon Baloo, cherche ! …)]

La violence, une nécessité.

« Il est évident que mon souhait est que tous les Blancs quittent le pays.

« Je ne suis pas raciste, je ne parle pas de la couleur de la peau [^2]. Je vois la violence comme une nécessité, un prolongement de la douleur de mon peuple. Il n’y a pas d’autre issue. En Afrique, les révolutions sont la plupart du temps d’épouvantables bains de sang. Le combat politique est toujours assombri par notre passé et par nos traditions. Si notre désespoir est suffisamment grand, nous pouvons nous unir contre un ennemi commun pour, juste après, diriger nos armes contre nos frères, s’ils n’appartiennent pas à la même tribu que nous.

« L’Afrique est un animal blessé. Dans nos corps sont enfoncées des lances envoyées par nos propres frères.

« Et pourtant il faut que je croie en un avenir possible, en ne nouvelle ère, en une Afrique qui ne sera plus dominée par des tyrans qui imitent les oppresseurs européens.

« Mon inquiétude et mon rêve coïncident avec l’anxiété que tu sens actuellement dans notre pays. Il faut que tu comprennes que cette anxiété est en fait l’expression d’un rêve.

« Mais comment rétablir un rêve qui a été chassé à coups de fouet par la police secrète ? Par des leaders qui gagnent des fortunes en volant les vaccins destinés à nos enfants ? »


Illustration - Devinette littéraire …

Photo : SIPA. Emeute en Afrique du Sud (2008)

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Réponse

**Elle a été donnée dans les cinq minutes qui ont suivi la mise en ligne de la devinette, par Ferila. Deux autres encore ont donné la bonne.

Il s’agit en effet d’un roman du grand Henning Menkell qui, comme on sait, partage sa vie entre la Suède et le Mozambique.

Illustration - Devinette littéraire …

L’œil du léopard est un récit somptueux, touffu et étouffant, pessimiste, comme le laissent supposer les quelques lignes que j’ai sélectionné (p. 247), et prenant, autant que ces polars du commissaire Wallander qui ont fait connaître son auteur.

Roman déjà ancien (1990), il vient seulement d’être traduit du suédois et édité en France, au Seuil. Je vous le recommande chaudement !
**

[^2]: L’Africain qui parle ici a expliqué précédemment qu’il englobe sous ce mot tous les riches, blancs ou noirs : « Il existe également des mzunguz noirs. C’est une erreur de penser que ce mot signifie “homme blanc”, le vrai sens est “homme riche” , mais comme la richesse est associée aux Blancs, le sens initial s’est perdu. Il me semble important de rendre son vrai sens au mot.

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