Loin de l’écologie, la ministre de la chose ne risque pas de casser des briques…

Claude-Marie Vadrot  • 7 juin 2012
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Il ne suffit pas d’être socialiste et d’être très compétente sur les problèmes de la « fiscalité verte » pour faire un ministre de l’écologie, Nicole Bricq, efficace ; surtout quand on a également en charge les questions d’énergie et même lorsque l’on a nommé comme directeur de cabinet l’un des rares membres du PS, Géraud Guibert, qui ne s’intéresse pas seulement à l’écologie en termes de voix récupérées et qui connaît bien les dossiers depuis des années. Cette situation explique qu’au delà des paroles aimables et des échanges de circonstances, les responsables des grandes associations qui se sont entretenues avec elle depuis quelques jours, sont ressortis catastrophés de son bureau. Nicolas Hulot le premier qui a expliqué, approuvé par tous les autres, que la pensée écologique officielle risquait de revenir 20 ans en arrière… Il n’a qu’un seule commentaire après une heure passée en tête à tête avec la ministre qu’il étai consterné et que sa politique annoncée des « petits pas » était largement dépassée. Comme quoi l’amabilité (affichée) ne suffit pas pour élaborer une politique écolo novatrice, en rupture avec celle menée depuis une dizaine d’années.

C’est clair, la nouvelle ministre saura ou pourra résister efficacement aux mépris récurrent et ancien des fonctionnaires des Finances et du Budget, mais question écologie, elle n’y connaît pas grand chose. Sinon rien. Elle parait vivre dans un autre univers que ceux qui sont en attente anxieuse d’un inflexion sur un domaine qui accumule les urgences en France et sur le reste de la planète. Sur tous les sujets, de la nature à l’énergie en passant par les pollutions, la biodiversité, les inquiétudes climatiques, l’agriculture chimique, elle ne parait pas posséder la « sensibilité » nécessaire pour arbitrer entre les puissants lobbies de la destruction et les demandes anciennes du milieu associatif.

Mais c’est peut-être de ce côté, l’associatif, que se cache un remède efficace à l’apparent manque d’appétence pour des thèmes qui ne se réduisent pas seulement à des chiffres, à des additions, à des soustractions et à des courbes statistiques. Il parait donc urgent que le gouvernement s’interroge sur la nécessité d’adjoindre à la ministre qui est apparu comme une possible excellente « comptable » de l’environnement, un ministre ou un secrétaire d’Etat qui apporterait à la fois la sensibilité environnementale et associative nécessaire. Dans un temps où la société civile est de plus en plus appelée à la rescousse, elle a été un peu oubliée dans le premier gouvernement Ayrault. S’il doit y en avoir un second après le deuxiéme tour des législatives, il serait sans doute opportun de faire appel, pour établir la relation avec la mouvance environnementaliste au vivier associatif: il ne manque pas de responsables de grandes associations, du WWF à France Nature Environnement, qui pourrait jouer ce rôle et participer à l’amélioration de l’image productiviste du parti socialiste en entrant au gouvernement. Pour amorcer une normale rupture avec la politique passée (ou plutôt son absence) et pour contribuer à l’écologisation de la ministre et de l’équipe qui va gouverner le pays pendant quelques années.

Après tout, l’environnementalisme est suffisamment essentiel et important pour que le milieu associatif soit officiellement associé à sa gestion. Celui qui s’y collerait s’y brûlerait certainement les ailes, mais notre environnement en bénéficierait car la sensibilité et la compétence font parfois bon ménage…

Accrédité comme journaliste depuis sa formation auprés du nouveau ministère de l'Ecologie, je n'ai pas encore reçu le moindre communiqué, la moindre information, la moindre prise de position....
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