Sur un sale livre…

…qui ébranle le Pouvoir

Bernard Langlois  • 7 septembre 2014
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En point d’orgue d’une rentrée désastreuse, il y a donc un livre.

LE livre, qui éclipse tous les autres ; et dont certains pensent qu’il doit être traité par le mépris, par le silence. Qu’il ne relève pas de la catégorie politique, comme si une telle charge contre un chef d’Etat en exercice n’avait aucun rapport avec la chose publique (ce que ledit chef d’Etat lui-même a aussitôt démenti en suscitant une question, à laquelle il a répondu en termes soigneusement pesés, en marge d’une rencontre internationale où l’on traitait rien de moins que de la paix du monde …)

Parlons-en donc.

J’ai déjà dit ce que j’en pensais, dans les limites imposées des 140 caractères du réseau social Twitter : « Note de lecture: Une sale bonne femme écrit un sale livre sur un sale président. Il se trouve un éditeur, pas réputé sale, pour le publier… » J’ajoutais, dans un autre message, que je ne croyais pour autant que Valérie Trierweiler mentait.

Développons, si vous le voulez bien.

C’est, sans discussion possible, un livre de vengeance, un livre écrit pour nuire, pour démolir : un sale livre.

Son auteure, aussi blessée qu’elle a pu l’être par la répudiation publique qu’elle a subie, et dans des termes d’une inélégance rare, aussi mortifiée par un cocuage enrobé de mensonges (ce qui est, somme toute, d’une grande banalité…) règle donc ses comptes avec l’homme qui l’a fait souffrir avec une méchanceté sans borne. De s’abriter derrière une douleur et une humiliation indéniables ne rend pas sa démarche excusable : une sale bonne femme.

Mais ce brûlot de 316 pages (ouf !) qui a peu à voir avec la littérature, ni même avec le journalisme (bien que Valérie T. s’en réclame : « je me sentais parfois à l’Elysée comme en reportage » …) peut relever de l’une ou l’autre de deux catégories distinctes : la calomnie ou la médisance.

Dans le premier cas, le bouquin est un tissu de mensonges (ce qui le rend encore plus méprisable) et l’amant-président, malgré ses indélicatesses (largement publiques, sur les faits bruts il ne restait pas grand chose à apprendre), s’il n’en sort pas grandi, n’est atteint qu’en surface.

Dans le second cas, la catégorie médisance, ce qui est écrit est à charge, certes, mais les faits rapportés ne sont pas mensongers ; et je ne parle pas tant des aléas de la rupture amoureuse que de ces nombreuses petites notations de la vie quotidienne, d’une vie où l’ordinaire qui fait la relation de couple ordinaire se tisse ici, de façon assez obscène, avec le vécu, hors norme lui, d’un couple présidentiel : les voyages, les rencontres de chefs d’Etat, les réceptions et raouts divers, où « la première dame » (ah, comme elle y tient à ce titre bidon !) dit avoir toujours eu du mal à trouver sa place.

Le diable, comme on sait, se cache dans les détails ; et il en est tant d’inattendus, de précis, de variés (pas seulement le jugement peu amène sur la belle famille qui « n’est pas jojo » , ou les « sans dents » , déjà beaucoup véhiculés) — ceux qui relèvent de la pratique du pouvoir du Président, la façon dont il traite ses collaborateurs, etc. : détails largement recoupés par les témoignages de certains de ceux-là ; et surtout ceux de la vie quotidienne : des goûts de luxe d’un homme qui se prétend « ordinaire », mais ne supporte que le super, jusqu’à jeter à la poubelle des aliments comestibles mais qui ne lui conviennent pas (une viande sous vide, par ex.) et qui traite sa compagne avec un mépris (oui, de classe, évidemment, n’en déplaise aux zélotes !) incroyable. Si tout cela est vrai (et j’ai le sentiment que certaines choses ne s’inventent pas), alors oui : sale président.

Reste que ce sale livre a trouvé un éditeur, qui n’a pourtant pas une sale réputation ; qu’on a même souvent salué ici, pour le courage et la pertinence de ses publications.

Doit-on penser que Laurent Beccaria, le patron des « Arènes » , a de pressants besoins de trésorerie ?

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Publié dans
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