Grand banditisme : les banques continuent de se « réguler » elles-mêmes

Brève de Yéti

Le Yéti  • 27 mars 2015
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Grand banditisme : les banques continuent de se « réguler » elles-mêmes

Michel Lucas, président du groupe Crédit Mutuel-CIC

Et une de plus ! Cette fois, c’est le Crédit Mutuel qui se fait coller : la police vient de perquisitionner un appartement parisien appartenant à un ancien cadre de la banque suisse Pasche, une de ses filiales. Motif : soupçon de « blanchiment aggravé de fraude fiscale ». Selon Mediapart qui révèle l’affaire, l’appartement en question aurait servi de relais dans le cadre des transferts d’argent occulte vers la Suisse. Pratique, il se trouvait tout près de la gare de Lyon d’où partent les TGV pour Genève.

Michel Lucas, président du groupe Crédit Mutuel-CIC, hurle et dénonce une affaire montée de toutes pièces pour « racketter » sa banque.

Mais, écrit Mediapart, la présomption d’innocence a bon dos quand on sait que 35 % des filiales du Crédit Mutuel sont déjà implantées dans des paradis fiscaux, quand en 2006, dans une interview au quotidien suisse Le Temps, Christophe Mazurier, directeur de Pasche, avouait encore ouvertement utiliser la notoriété du CIC pour travailler sur l’exil fiscal, sur la délocalisation de fortunes, « en aidant des clients à s’installer en Suisse, à Londres, en Belgique, ou en Uruguay ».

Et de quelle présomption d’innocence peuvent donc encore se réclamer des officines déjà tant de fois condamnées pour des pratiques relevant du grand banditisme , chez nos proches voisins (HSBC, UBS…) comme chez nous :

Extrait du casier judiciaire des banques françaises établi par <a href=

Un système en pleine autodestruction

La solution à ces dérives est évidemment tout autant politique que juridique. Mais on voit mal qui, parmi un personnel politique rongé par la corruption, a souci aujourd’hui de réfréner les ardeurs mafieuses de ses « meilleurs ennemis » banquiers. En 2012, Mediapart, toujours lui, révéla la liste secrète du « Premier cercle » des « grands donateurs » d’un parti comme l’UMP : Goldman Sachs, Rotschild, Lazard, HSBC, Lehman Brothers…

Rien à attendre de tout ce petit monde interlope-là, hélas. Sauf peut-être… sa bêtise ! Car il se pourrait bien que les banques soient en train de se charger elles-mêmes de leur propre « régulation ». Par autodestruction ! La liste des défaillances de ces monstres aux pieds d’argiles, bourrés à la gueule d’actifs toxiques, engagés dans des bulles inextricables, ne cessent de s’allonger , les unes entraînant les autres dans leur chute façon puzzle.

Après la France et la Belgique (Dexia), la Grèce (toutes enseignes confondues), Chypre (Bank of Cyprus et Laiki Bank), l’Italie (Monte dei Paschi), l’Espagne (Bankia), voici l’Autriche (Hypo Alpe Adria) qui cause des ravages qualifiés de systémique . Au point que c’est désormais l’Allemagne qui se prend à trembler après s’être rendu compte que ses propres banques étaient engagées à hauteur de 40% dans la débandade de la banque autrichienne.

Bah, en attendant le grand crash bien dévastateur, on peut toujours se rassurer à bon compte en se disant qu’il y a des crétins partout, même chez les gangsters. Les banques centrales n’en donnent-elles par elles-mêmes la preuve, en activant, pour sauver la bande à la dérive, ce qui a toujours été le dernier expédient palliatif radical avant liquidation définitive : la planche à billets .

Illustration - Grand banditisme : les banques continuent de se "réguler" elles-mêmes

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