Ma life

M. a beaucoup voyagé avant d’arriver à Clermont-Ferrand. Un baroudeur, un troubadour… Ayant vécu très peu avec sa mère, il est vite laissé dehors. A 12 ans, c’est un enfant de la rue… Il raconte la première partie de son parcours dans la banlieue parisienne.

Eloïse Lebourg  • 28 mars 2015
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Ma life

Illustration - Ma life - Atelier d'écriture, mardi 24 mars 2015.

Je suis né dans le 92, j’y ai grandi, j’y ai vécu jusqu’au début de mon adolescence, vers l’âge de 12 ans. Déjà là, ce n’était pas une partie de plaisir: les tout premiers pas dans la rue, dans les rues de mon quartier, et de ma ville natale.

Je suis parti dans le 94 à Orly-ville. Aïe, Aïe, Aïe, le 92 c’est pas fameux, mais alors là, c’était pire. J’y ai appris la loi de la rue et celle de tout un quartier. L’apprentissage de la vie, connaître les combines pour survivre. A cette époque, c’était d’abord la bande de copains et ensuite pour soi-même. Lorsque nous partions «emprunter» des voitures, c’était tous ensemble ou rien! Montrer aux copains que l’on mérite sa place parmi eux, les défis à gagner. Sinon, on est vite mis de côté. Ça a duré jusqu’à mes 18 ans.

Par la suite, j’ai rencontré le Père Chris, et je suis parti chez les orphelins d’Auteuil. J’y ai vécu quelques années, c’est dans le 77. Vers l’âge de 20 ans, j’ai rencontré Muriel, je l’ai suivie dans le 91 à Fleury-Mérogis. Un beau moment de vie: amour, paix. Puis un jour, ça c’est fini, comme toutes les belles choses se terminent un jour. Direction le 95, Argenteuil. Retour dans la jungle. Puis direction le 78. J’ai fini cerise sur le gâteau dans le 93. Outch!

Les choix de vie, vous allez me demander comment ça se passe, comment ça se fait tous ces déménagements au sein même du monde de la rue. En fait, il n’y a pas le choix, il faut suivre ses pas, ses rencontres. Tu n’as pas le choix: ou tu tiens, ou tu faiblis et tu tombes. C’est la seule façon de survivre dans la jungle, savoir partir au bon moment. Une fois que vous êtes sortis de là, parce que quelque part, c’est obligé, vous avez reçu la bénédiction de la rue. tellement tombent à vos côtés. Mais la banlieue de Seine Saint Denis, celle qui détient la couronne, c’est cette banlieue-là qui qui m’a semblé la plus dangereuse… Celle-là même que d’autres surnomment, la maison-mère….

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