Véronique: «J’ai beaucoup d’admiration pour l’Abbé Pierre»

Véronique était dans la rue cet hiver. Grâce aux travailleurs sociaux de l’association  » collectif pauvreté-précarité », elle a pu entrer juste avant Noël dans un petit studio. Grâce aux APL, elle parvient à survivre avec son RSA. Elle nous raconte sa nouvelle vie entre quatre murs. Et combien elle n’oublie pas de donner une petite pièce à ceux qui dorment encore dehors….

Eloïse Lebourg  • 4 avril 2015
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Véronique: «J’ai beaucoup d’admiration pour l’Abbé Pierre»
Photo: PHILIPPE HUGUEN / AFP

Je suis très contente d’avoir eu mon petit logement. Il est bien. le sol est beige, le papier des murs blanc, imitation crépit, les meubles sont blancs avec des poignées bleu-gris. Pour l’instant, je m’en sors bien, je fais des petits repas raisonnables. Des omelettes, des pommes de terre au fromage, lentilles, carottes en rondelles cuites à la poêle, purée. Quand il y a des promotions de légumes verts, j’en achète. En viande, je prends du foie de bœuf ou d’agneau, des merguez, du mouton, des filets de dinde et parfois du poisson quand il est en promotion. Salade verte, champignons, fruits de saison: pommes, oranges, yaourts naturels. Je me fais même des crêpes.
Pour l’instant je m’en sors avec le RSA. Mais dans quelques temps, j’aimerais bien retrouver quelques heures de travail.

Concernant les loisirs, j’en ai peu: je lis des revues que des gens m’ont données, et je regarde de temps en temps la télévision, des films, mais je préfère des reportages ou dessins animés. Je regarde les informations, mais quand il y a de la violence, je change de chaîne.

Samedi matin, je suis allée au marché. Il faisait froid, j’ai acheté des têtes d’ail. Je vais déjeuner à l’accueil de jour, comme ça je vois des gens qui viennent comme moi, depuis plusieurs mois. Mais nous avons beaucoup de nouveaux, de plus en plus d’enfants. J’ai appris que plusieurs SDF avaient trouvé un logement, et même certains ont trouvé du travail. Certains cherchent pour la saison: les vendanges, les maïs. Maintenant que c’est le printemps, ce sera plus facile pour trouver un emploi. même si certains cet hiver sont allés couper les sapins.

Je suis allée faire mes courses, j’ai encore vu un gars faire la manche, je lui ai donné un peu, j’aurais aimé lui donner plus, mais je n’en ai pas les moyens. Il y avait aussi la collecte des restos du cœur, là aussi, j’ai donné un peu. Il faut participer pour aider les autres.

S’il y avait plus de solidarité, il y aurait moins de misère. heureusement qu’il y a les associations, les bénévoles, des gens qui prennent leur temps pour travailler gratuitement pour aider les autres.
Du coup, certains s’en sortent un peu.

J’ai beaucoup d’admiration pour l’Abbé Pierre. Il a vécu des années très dures, surtout l’hiver 54. Et même après. C’était un homme courageux, bon, plein de tolérance, très humain. En faisant tout ce qu’il a fait, il en a sauvé des vies… Peut-être même la mienne…

Illustration - Véronique: «J'ai beaucoup d'admiration pour l'Abbé Pierre»

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